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prédictions se sont réalisées. Certes le système est satisfaisant au point de vue théorique. Puisque les oscillations du baromètre précèdent de quelques heures les mouvemens de l’atmosphère, nous concevons aisément qu’on puisse prévoir le temps et pronostiquer les tempêtes: mais ces prévisions ont-elles l’exactitude que leur prête l’amiral Fitz-Roy? Sur ce sujet, les avis des hommes spéciaux sont, je crois, partagés. Quelques-uns prétendent avoir remarqué entre les prédictions et les événemens qui les ont suivies des divergences tellement grandes et tellement fréquentes, que le système n’aurait aucune valeur pratique. D’autres, plus confians dans les idées nouvelles, s’étonnent au contraire que des observations nécessairement imparfaites puissent conduire à des résultats si exacts. Peut-être serait-il téméraire de se prononcer dès à présent entre ces deux opinions. Il faut des années d’expérience pour juger la valeur de telles innovations. Ce qui semblerait prouver en faveur de la météorologie télégraphique, c’est qu’elle se généralise. La Prusse a déjà institué dans la Baltique un système de signaux analogues à ceux qu’emploie l’Angleterre. En France, la marine va poursuivre les mêmes observations. Il n’est pas certain que nous en obtenions tous les avantages que les Anglais prétendent avoir réalisés. Notre pays est baigné par deux mers qui ont chacune leurs perturbations atmosphériques. Dans la Méditerranée surtout, cette petite mer soustraite aux grands courans atmosphériques, il semble difficile d’admettre que les influences locales ne prédominent pas sur les mouvemens généraux. Nul n’ignore que sur les côtes de la Provence le golfe de Lion est le théâtre de fréquens coups de vent redoutés des marins, tandis que les mers environnantes jouissent d’une placidité admirable. Enfin il y a toujours dans le succès des applications scientifiques quelque chose de spécial à l’homme qui les a imaginées. Ne serait-il pas possible que le savant marin qui a organisé en Angleterre les prédictions météorologiques y ajoutât une part d’expérience personnelle ou un dévouement paternel que n’auront pas ses imitateurs?

Les différens essais qui ont été tentés pour prédire le temps peuvent, ainsi qu’on l’a vu, se ranger en deux classes : d’abord des théories vagues et vaines, comme les prophéties des astrologues au moyen âge, des prédictions faites plusieurs mois ou même pinceurs années à l’avance, qu’il est aussi difficile d’admettre, tant elles pèchent par la base, que de convaincre d’imposture, car la généralité des termes qu’elles emploient se prête souvent à des interprétation. contraires; — puis les pronostics fondés sur l’expérience des faits naturels, sur une longue observation des mouvemens atmosphériques et des phénomènes qui les accompagnent. Cette dernière méthode.