Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II.

La ville de Yédo est située au nord du golfe qui porte son nom, entre 139° 35’ de longitude est, 35° 39’ de latitude nord; elle a une circonférence de 38 kilomètre et couvre une surface de 85 kilomètres carrés[1]. Un fleuve large et majestueux à son embouchure, mais d’ailleurs sans importance, l’O-kava (grande-rivière), la traverse du nord au sud et la divise en deux parties inégales ; la plus petite, à l’est du fleuve, porte le nom de Hondjo ; l’autre, située à l’ouest, est Yédo proprement dit.

Hondjo est une île entourée, à l’ouest par l’O-kava, à l’est par un autre fleuve qui court parallèlement au premier, au nord par un canal, et au sud par la mer. La circonférence de cette partie de la ville est de 13 à 14 kilomètres, et sa superficie de 12 kilomètres carrés. Cinq grands canaux, dont deux vont du nord au sud, et trois de l’est à l’ouest, se coupant à angles droits, divisent Hondjo en huit quartiers, qui sont presque entièrement occupés par des temples, des palais de daïmios et des chantiers du gouvernement. Le temple des cinq cents images (Goïaka-Lakan), situé dans la partie nord-est de Hondjo, mérite une mention particulière : il est formé de deux édifices antiques qui ont eu beaucoup à souffrir d’un tremblement de terre et qui menacent ruine; les nombreuses idoles qui le décoraient, et auxquelles il doit son nom, sont placées à présent dans un vaste hangar, près de leur ancienne demeure. Le sud de Hondjo, qui touche au rivage de la mer, contient quelques habitations de bourgeois, d’artisans, et de pêcheurs; mais on y trouve en bien plus grand nombre les palais et les temples, dont le plus vénéré est celui d’Hadsima, dieu de la guerre. La partie orientale est peu habitée; quelques temples, des palais et des fermes s’élèvent çà et là au milieu des champs cultivés[2]. Hondjo, quar-

  1. Yédo n’a point de mur d’enceinte, et il est impossible de fixer exactement ses limites; la ville se confond avec les faubourgs, et ceux-ci avec les villages qui les entourent. J’ai extrait les mesures que je donne ici d’une excellente carte japonaise, dont je me servais pendant mes promenades à Yédo, et que j’ai toujours reconnue parfaitement exacte.
  2. Les chiffres suivans, auxquels je ne me suis arrêté qu’après un mûr examen, donnent une idée de la proportion où se trouvent à Hondjo les divers élémens de la population : des 12 kilomètres carrés dont se compose la surface de ce quartier, 3 sont occupés par des rizières et des jardins, 5 par les résidences des daïmios, 1 1/2 par les temples, et 1 1/2 par les fortifications et les chantiers du gouvernement. Il ne reste aux demeures bourgeoises qu’un seul kilomètre carré.