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systématiquement livrées depuis l’origine les exploitations britanniques, elles ont bien vite reconnu les inconvéniens quotidiens, les pertes de temps considérables qu’entraînait dans la comptabilité le fractionnement du réseau national. Ce n’était pas tout que de laisser aux voyageurs comme aux expéditeurs de marchandises, au moins sur les directions le plus généralement suivies, la faculté de payer en une seule fois le prix du transport. Le paiement fait, il restait à procéder à un partage que compliquaient souvent le nombre des parties prenantes d’abord, et puis la multiplicité des circonstances servant de base à la répartition[1].

C’est pour simplifier le règlement de ces comptes que les exploitations ont fondé le Railway clearing house. Sous le rapport de l’organisation, il n’est pas sans intérêt d’en faire la remarque, cette institution ne ressemble en rien au clearing house de la Cité de Londres, bien connu aujourd’hui chez nous, et qui sert à régler entre une trentaine de banquiers le compte des chèques émis par leurs cliens respectifs. A proprement parler, ce dernier clearing house n’est pas une institution, c’est un lieu de réunion consistant dans une salle assez étroite, garnie de quelques tables et de quelques chaises, où se rassemblent, à une certaine heure de l’après-midi, les employés des maisons de banque pour y opérer entre eux la balance des émissions. Nous avons eu l’occasion de visiter le clearing house à l’heure où il est fréquenté, en compagnie d’un des banquiers associés. Il suffit d’un moment pour saisir le mécanisme des opérations. Le Railway clearing house au contraire ne saurait être étudié avec trop de patience et d’attention. Il constitue une grande administration, occupant un vaste hôtel, ayant à sa tête un directeur, et réunissant cinq cent cinquante commis, sans parler de deux cent cinquante qui sont répartis dans les provinces. Les deux clearing houses ont pourtant un but analogue, puisqu’il s’agit des deux côtés d’un apurement de comptes. Seulement au clearing house de la Cité il n’y a jamais que deux parties en cause, deux banquiers, tandis qu’au Railway clearing house il peut y en avoir un beaucoup plus grand nombre, sans parler de l’établissement même, qui agit pour son compte et en dehors des compagnies, quoique d’après des élémens fournis par elles et selon des formes rigoureusement tracées. En outre une division spéciale de cette dernière institution, et qui n’est pas celle dont la tâche est le moins délicate, est consacrée au règlement des dommages et intérêts pour

  1. On ne consulte pas seulement en pareil cas la distance parcourue; la compagnie qui expédie et celle qui reçoit les marchandises est considérée comme ayant droit à une rétribution supplémentaire. On peut aussi accorder un supplément à une ligne en considération d’ouvrages coûteux qui auraient grossi les frais de premier établissement.