considérai ce point comme étant la limite au-dessus de laquelle le bouleau commun ne peut pas s’établir d’une manière permanente. Nous étions à 365 mètres au-dessus de la mer. A peine la région du bouleau blanc avait été dépassée que nous rencontrâmes celle de son congénère, le bouleau nain, accompagné du genévrier rabougri des montagnes. A 555 mètres, nous trouvâmes de grandes flaques de neige. Toutefois elles n’étaient pas continues, et, dans les îles qu’elles laissaient entre elles, le saule à feuilles réticulées, la dryade à huit pétales et le silène sans tige couvraient le sol d’un tapis de verdure et de fleurs. Nous atteignîmes bientôt une zone de rochers confusément entassés sur lesquels végétaient un grand nombre de lichens. Le Cetraria nicalis le Clatonia uncialis ressemblaient à des rognons ou à des aiguilles de soufre d’une belle couleur jaune, qui contrastait avec la teinte noire de la roche qu’ils tapissaient.
A 780 mètres, nous dépassâmes la limite du genévrier; l’andromède à tige carrée et le saule réticulé végétaient encore à l’abri de gros blocs tapissés des plaqués rouges du Solorina crocea. Enfin à 845 mètres nous trouvâmes la limite extrême du bouleau nain et du saule réticulé. A partir de ce point, nous ne quittâmes plus la neige. Environnés de nuages épais, qui nous permettaient à peine, de voir à quelques pas en avant, nous montions en quelque sorte au hasard pour atteindre un sommet invisible. Quelquefois nous nous trouvions, tout à coup au bord d’un escarpement de glace dont la base se perdait au milieu des nuages et semblait plonger dans le vide. Alors nous nous détournions de notre direction pour en prendre une autre qu’il fallait encore abandonner.
Le guide, aussi embarrassé que nous, marchait silencieusement à quelques pas en arrière. Un chien qui nous avait accompagnés volontairement, la tête basse et la langue pendante, semblait regretter amèrement d’avoir suivi des promeneurs aussi entreprenans. Plusieurs fois nous fûmes tentés de renoncer à atteindre cette cime, qui semblait s’élever à mesure que nous nous rapprochions; mais, pour des coureurs de montagnes, un sommet est un ennemi qu’on n’a vaincu qu’en lui mettant le pied sur la tête : aussi nous gravissions courageusement les nouvelles pentes de neige qui se déroulaient devant nous, quoique nous fussions enveloppés de nuages de plus en plus épais. Enfin nous entendîmes la voix de M. Angles qui nous appelait joyeusement : il se trouvait, près d’une pyramide de pierres sèches sur un mamelon étroit que rien ne dominait; c’était le sommet du Tromdalstind. Je suspendis mon baromètre à mon bâton de voyage; la colonne mercurielle n’avait plus que 652 millimètres de longueur. Le thermomètre marquait 1 degré au-dessous de zéro. Nous étions à 1,234 mètres au-dessus du niveau de l’Océan. Privés de l’admirable vue que nous aurions. eue sur