de M. Charles Darwin. Celles des fiords les plus septentrionaux de la Norvège ont été mesurées et poursuivies sur un espace de près de vingt lieues par Auguste Bravais, dont la science déplore la perte récente. Tout démontre que la côte de Norvège, comme celle de Suède, se soulève lentement, mais inégalement, au-dessus du niveau de la mer. Le soulèvement va en augmentant à mesure qu’on s’enfonce dans l’intérieur des terres ; ainsi, près de Hammerfest, le point le plus septentrional de la Laponie, ces lignes, qui ont l’apparence de terrasses, sont : l’inférieure à 14m, 1, la supérieure à 28m, 6 au-dessus du niveau de la mer. Près de Bossekop, au fond du Kaa-Fiord, les mêmes terrasses s’élèvent à 27m, 7 et 67m, 4 au-dessus du même niveau; mais, dans l’espace limité que l’œil peut embrasser, ces terrasses semblent parfaitement horizontales. Dans un rapport lu à l’Académie des Sciences le 31 octobre 1842, M. Élie de Beaumont avait fait ressortir toute l’importance des observations de Bravais pour la physique terrestre et la géologie. M. Vogt y voit la preuve d’un gonflement lent, mais continu, des roches qui forment la charpente de la presqu’île scandinave. En effet, si le soulèvement de la côte était dû à une force agissant de bas en haut au-dessous de l’écorce terrestre, les lignes d’ancien niveau de la mer devraient rester parallèles entre elles, même en exécutant le mouvement de bascule produit par une plus grande intensité de la force vers l’intérieur des terres. Or c’est ce qui n’est pas : les terrasses divergent comme les rayons d’un éventail qui se rencontreraient en mer à une certaine distance de la côte. M. Vogt croit donc à un gonflement lent et continu de la masse par suite de l’infiltration des eaux dans les parties supérieures; ces infiltrations amènent dans l’intérieur des substances dissoutes qui agissent sur les parties solides, et donnent sans cesse lieu h. de nouvelles cristallisations. Qui dit cristallisation dit augmentation de volume, et par suite gonflement de la masse totale. M. Vogt, considérant toutes les roches granitiques de la Norvège comme le résultat de la transformation de roches de sédiment en roches cristallines, trouve dans cette transformation même la cause du soulèvement de la côte scandinave. Nous ne le suivrons pas dans le développement de ses idées : elles nécessitent, pour être comprises, des connaissances spéciales en géognosie; mais nous les recommandons à l’attention des géologues qui ont médité sur la grave question des soulèvemens et du métamorphisme des roches.
C’est à Tromsoe que les voyageurs virent pour la première fois des Lapons nomades dans une vallée qui se termine par une haute montagne appelée le Tromdalstind. Cette gracieuse vallée est restée dans mes souvenirs, car c’est sous l’ombrage des bouleaux, des aunes et des sorbiers des oiseleurs que je vis également dans mon