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NANNI.

Oui, on vous attend. Figurez-vous que j’ai trouvé ma grand’mère tout éveillée, et... c’est bien étonnant, cela! elle dit qu’elle vient de voir votre parrain, qu’il lui a parlé et annoncé votre visite.

PÉRÉGRINUS.

Et notre prochain mariage, n’est-ce pas, chère Nanni ?

NANNI, stupéfaite.

Notre... Ah! ne parlez pas si haut! M. Max qui est là!

MAX s’éveillant.

Hein? Qu’y a-t-il? (comment diable suis-je ici? Ah! je dormais bien! Figure-toi, Pérégrinus, que je rêvais de toi; tu épousais Nanni, tu m’avais fait présent d’un bel habit gorge de pigeon,... comme le tien, juste! et je dansais à ta noce.

PÉRÉGRINUS.

Eh bien! tu auras un bel habit et tu danseras, mon ami, car nous voici bientôt fiancés, elle et moi.

NANNI.

Est-il possible?

MAX.

Vrai? Tant mieux! c’est une digne et brave personne, et tu es le meilleur des hommes, mon ami d’enfance, mon seul ami, pardieu! Allons, je me sens bien, je me sens heureux de ton bonheur, embrassons-nous.

PÉRÉGRINUS.

Ah! cher Max! c’est toi qui parle, je te retrouve! Viens.

MAX.

Où ça?

PÉRÉGRINUS.

Viens parler pour moi, je vais faire ma demande.

MAX.

Oui, certes! Tiens, j’ouvre la marche, (Il monte l’escalier. Pérégrinus fait passer Nanni, qui se retourne sur la première marche.)

NANNI.

Mais pour m’épouser, c’est donc que,... car vous ne m’avez encore pas dit...

PÉRÉGRINUS, à ses pieds.

Ah ! Nanni, je t’aime! je t’aime depuis longtemps, et de toute mon âme !

LE SPECTRE, apparaissant tout en haut de l’escalier.

Allons donc!


GEORGE SAND.