Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 46.djvu/809

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PÉRÉGRINUS, aidant Nanni à rallumer les bougies de l’arbre, qui se rallument d’elles-mêmes sans qu’ils s’en aperçoivent.

C’est un chef-d’œuvre, Nanni! C’est un bouquet digne de la circonstance,... et offert par vous!... C’est bien à vous,... et je voudrais vous dire... Que vous disait-il donc, lui?

NANNI distraite.

M. Max?

PÉRÉGRINUS, préoccupé.

Oui! Est-ce que... est-ce que vous compreniez ce qu’il entendait par initiative,... par...

NANNI.

Mon Dieu non! Il avait l’air tout égaré. Il disait... je ne sais quoi! qu’il avait le droit de me commander.

PÉRÉGRINUS.

Et cela vous offensait sans doute?

NANNI.

Mais... oui!

PÉRÉGRINUS, allumant toujours avec distraction.

Il disait pourtant qu’il est dans la nature de la femme, quand elle est l’objet d’une préférence, et que l’homme le lui déclare...

NANNI.

Mais cela ne suffit pas, il me semble! Si l’homme ne plaît pas?

PÉRÉGRINUS, tristement.

Ah! vous pensez... Sans doute, sans doute! Si l’homme ne plaît pas!

NANNI.

Mais voilà toutes nos bougies allumées, et tout à l’heure...

PÉRÉGRINUS.

Ah! attendez. J’allais oublier...

NANNI.

Quoi donc?

PÉRÉGRINUS, allant sous l’escalier.

Le théâtre de marionnettes!

NANNI.

Ah! vous allez les faire jouer?

PÉRÉGRINUS.

Non, je ne saurais pas. Je n’ai jamais eu d’esprit, moi. C’est lui qui savait, le parrain! Il nous jouait des scènes où il se moquait de nous en nous contrefaisant pour nous montrer nos défauts et nos ridicules, (Il tire une marionnette de la boite.)

NANNI.

Ah! qu’est-ce que c’est que celle-là?

PÉRÉGRINUS.

C’est lui! c’est une figure faite par lui à sa ressemblance et habillée comme il s’habillait.

NANNI, qui l’a suivi, prenant une autre marionnette.

Et ce petit-là si gentil?