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THEATRE DE NOHANT.
LE 31 AOUT 1862 ET LE 8 FEVRIER 1863.

LA
NUIT DE NOËL
FANTAISIE D’APRES HOFFMANN.

AVERTISSEMENT.

On dit que les Allemands ne font pas autant de cas que nous des contes fantastiques d’Hoffmann, qu’avant et après lui ils en ont produit de meilleurs que nous n’avons pas admis à la même popularité, qu’enfin il est tout à fait passé de mode. Peu nous importe. Nous ne savons, malheureusement pour nous, pas un traître mot d’allemand, et nous ignorons si la traduction de M. Loève-Veimars a embelli le texte; mais ces contes ont ravi notre jeunesse, et nous ne les relisons jamais sans nous sentir transporté dans une région d’enivrante poésie.

Maître Floh est une des plus bizarres créations d’Hoffmann. Est-ce une critique de certaine science puérile et inféconde? Est-ce un conte de fées? Y a-t-il au fond de ce roman une moralité cachée ou une amertume profonde? On y peut voir tout cela, mais en réalité on le voit à travers un brouillard, ou tellement aveuglé d’éclairs, qu’on ne saurait se vanter de l’avoir compris, ni affirmer que l’auteur se soit compris lui-même. Telle est la puissance fascinatrice du génie d’Hoffmann qu’on aime à voyager dans l’inconnu sur les ailes de sa fantaisie, et à ne pas trop savoir quels mondes éblouissans ou burlesques il vous a fait traverser. Sas récits sont courts, c’est la condition du genre. Il faut pouvoir lire vite ce qui ne permet pas la réaction de la froide raison.