qu’était-ce que la renaissance ? Un adultère. Et Léon X ? Le criminel entremetteur qui avait fait entrer dans le lit de l’église Jupiter et Osiris.
Aimant les lettres et les arts autant qu’on les pouvait aimer dans ce temps de rigorisme soupçonneux, Clément VIII fut le Léon X de la réaction, mais un Léon X innocent et qu’on ne peut accuser d’avoir prêté la main à des intrigues adultères. Ses Sadolet et ses Bembo furent les Baronius, les Bellarmin et les Tolet. Ses Bramante, ses San-Gallo, furent les Maderno et les Ponzio. Son Raphaël fut le gentil chevalier d’Arpino, ce Joseppin qu’il nomma directeur de Saint-Jean de Latran, qu’il combla d’honneurs et de richesses. Sous son règne, le manièrisme fut le dieu de la peinture ; il envahit tout, les églises, les cloîtres, les palais ; il s’étala sur toutes les murailles. Où retrouver les grandes inspirations, la simplicité du grand goût, ces figures de saintes où se peignaient avec les joies de la piété vraie sa chaste réserve et ses pudeurs, ces figures de vierges qui semblaient dire : L’amour divin coule en nous comme le sang dans nos veines ? Je ne vois plus que des mines et des gestes affectés, des yeux en coulisse lorgnant le ciel, des cous qui se renversent avec effort, des extases simulées, toutes les minauderies ou les pantalonnades d’une dévotion qui s’affiche, comme il arrive dans les temps où l’on fait son chemin par la dévotion. C’en est fait, le joli a remplacé le beau, le joli, seule beauté tolérée par ces bons pères, parce qu’il est un plaisir et ne peut être une passion… Patience ! le sensualisme religieux n’a pas dit encore son dernier mot. Tout à l’heure il inventera la dévotion au sacré cœur de Jésus : source nouvelle d’inspirations pour les artistes ! Vierges de Raphaël, race adultère, disparaissez ! Un cœur de cire percé d’une flèche d’or, et entouré de guirlandes et de rubans, voilà le chef-d’œuvre qu’enfante un art régénéré !
Justice soit pourtant rendue à Clément VIII. Il fit dans sa vie plus d’un acte de courage. Si, en dépit de l’Espagne, il reçut en grâce Henri IV, en dépit du saint office il appela à Rome Patrizzi, le dernier des platoniciens, dont les œuvres furent mises depuis à l’index. Grâce à Clément, le platonisme eut une vieillesse honorée et pensionnée, ses derniers jours ne furent pas troublés, et, grâce aussi à cet Aldobrandini, le Tasse put mourir en paix. La seconde Jérusalem n’aurait pas désarmé les ombrages et la rancune de Sixte-Quint ; il eût jugé la réparation insuffisante ; Armide, même enchaînée et outragée par un estafier, n’eût pas trouvé grâce devant