que nous présentions sous une forme aussi nébuleusement diplomatique que possible quand nous exprimions l’espoir que « l’empereur saurait disposer la politique de son gouvernement suivant les tendances d’une situation qui était visiblement en train de se renouveler. » Il y a là sans doute un effort pour conformer le gouvernement à la situation que les élections générales ont créée ou révélée ; mais comment définir la nouveauté introduite par ces changemens dans notre régime constitutionnel ? Beaucoup de bonnes têtes dans l’intérieur de la France et à l’étranger travaillent à l’heure qu’il est sur ce problème. Essayons notre solution.
Les changemens ministériels ont été accompagnés au Moniteur de deux documens dont il faut s’aider pour découvrir la signification des arrangemens nouveaux. Nous voulons parler de la circulaire de M. de Persigny aux préfets sur le résultat des élections et de la petite note où était rappelé le plébiscite a sur lequel se base la constitution de 1852. »
La lettre d’adieu de M. de Persigny ne devra point être négligée par ceux qui voudront étudier la philosophie de l’histoire de ce temps-ci. Cette pièce respire encore l’ardeur de paladin que M. de Persigny apporte dans la politique, ardeur qui n’a pas de quoi nous déplaire, et devant laquelle nous avons été maintes fois tentés de nous écrier : Il buon conte ! comme l’Arioste a coutume d’appeler gaîment ses bouillans héros. Le ministre, en partant, pourfend l’opposition de sa Balisarde. Pauvre opposition ! « Pour la première fois depuis dix ans, une coalition s’est formée entre des opinions plus ou moins rattachées aux gouvernemens antérieurs. » On voit que le fantôme de la coalition a poursuivi M. de Persigny jusqu’à la fin. « Sur quelques points et particulièrement dans les grands centres de population, plus habituellement accessibles aux excitations de la presse, elle a réussi à surprendre le suffrage universel. » Le suffrage universel peut donc être surpris ! Et cela dans les grandes villes, où les populations sont éclairées par des discussions contradictoires, où elles sont plus libres, où elles ignorent l’influence des maires nommés par le gouvernement, où le garde champêtre leur est inconnu, où les excitations de la presse officieuse ont si violemment dépassé les excitations de la presse libéralel Quelles révélations et quelles déclarations contradictoires ! « Mais l’immense majorité du pays a répondu à l’appel du gouvernement et n’a laissé à la coalition que quelques noms pour se consoler de sa défaite ! » Elle est bien consolée en effet. Elle en veut si peu à M. de Persigny, qu’elle regrette que la victoire de ce ministre lui ait coûté le portefeuille. Comment d’ailleurs résisterait-elle aux consolations que M. de Persigny vient lui donner lui-même ? Au moment où il reproche aux libéraux d’être une coalition, l’ancien ministre écrit l’histoire de ce qu’il appelle le parti du gouvernement, et ne craint pas d’affirmer que jusqu’aux dernières élections ce parti n’a été qu’une coalition véritable. « L’empereur, dit-il, quand il fut élevé sur le pavois, n’avait pas de parti ; il touchait par quelques points à tous les partis existant dans la nation. Pour les uns, il représentait l’ordre, pour les