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enfans, ces retenues ne doivent pas excéder 2 deniers par semaine ou 1 penny par chaque shilling de gages, au gré de l’inspecteur.

Voilà l’ensemble de ces lois, elles n’admettent ni réserves ni excuses ; tous les enfans qu’elles désignent doivent aller prendre dans les écoles leurs brevets d’admission dans les ateliers. Il n’a manqué à ces lois qu’une sanction pour qu’elles pussent servir de modèles, et cette sanction, c’est un moyen de contrôle sérieux. Les amendes ne garantissent que l’exécution apparente, elles affectent la forme des services plus que le fond. La chambre des communes avait senti ce vide de la loi et cherché à y suppléer : elle avait donné à des inspecteurs spéciaux des pouvoirs étendus, une influence directe sur la matière de l’enseignement, un droit d’examen vis-à-vis des instituteurs, la faculté de les révoquer quand ils se montreraient notoirement incapables et de fermer l’école quand le local leur paraîtrait insalubre ou insuffisant. La chambre des lords rejeta ces clauses, qui lui semblaient une ingérence dans les droits des administrations locales : elle recula devant la dépense d’une inspection officielle. De là cette conséquence que le code du travail manufacturier couvre beaucoup d’illusion et que la lettre en énerve l’esprit. Plusieurs de ces écoles n’en ont que le nom, les élèves qui en sortent ne sont guère plus avancés que ceux qui y entrent, un grand nombre de certificats n’ont d’autre valeur que le tribut payé par les familles aux maîtres qui les délivrent. Ces maîtres ne sont pas non plus du premier choix, et on conçoit qu’ils n’aiment pas à voir passer le bagage de leurs connaissances au crible d’une inspection. Dans le nombre il reste encore, après de nombreuses épurations, beaucoup d’ouvriers mal dégrossis, des pupil teachers comme les Anglais les nomment, qui font alterner le travail avec l’enseignement, et passent de l’atelier à l’école et de l’école à l’atelier. C’est le système du half-time ou demi-temps, qu’on pourrait appeler la demi-éducation, et contre lequel, en Angleterre même, de bons esprit s’élèvent. Personne n’y a été plus opposé que le plus éminent et le plus zélé des inspecteurs du conseil privé, M. Horner, qui s’est retiré, il y a deux ans, après vingt-cinq ans d’exercice. Dans on dernier rapport, qui était comme un adieu à la carrière de l’enseignement, il dénonçait encore avec une éloquente énergie les vices et les lacunes de la loi sur le travail des manufactures, et il ajoutait : « Je sais bien que ces conseils ne seront point écoutés, que les uns par calcul, les autres par lassitude, se contentent de ce qui est acquis sans s’inquiéter de ce qu’il reste à faire ; mais je ne quitterai pas la place sans protester une dernière fois contre l’abandon d’une si belle cause, sans dire qu’on charge l’enfance d’un travail excessif, qu’on ne la protège pas suffisamment contre les accidens des machines, qu’une spéculation