on y fonde un collège sans autorisation ; dans ces écoles, dans ces collèges, les méthodes varient au gré de ceux qui les administrent. Point de gêne, point de contrôle, si ce n’est quand on s’y soumet volontairement. L’indépendance est la règle : ce qui s’en écarte est l’effet d’un contrat particulier. Chaque établissement s’appartient, garde son droit intact ou en aliène une partie à sa convenance. Là où des corps remplacent les individus, cette indépendance persiste. Ces corps agissent comme personnes, avec les mêmes titres et les mêmes facultés, sans être plus enchaînés, ni moins aptes à choisir leurs modes d’action. Ainsi, quand une paroisse fonde et entretient une école, elle la gouverne pleinement, par l’intermédiaire de ses gardiens et dans la limite de ses coutumes ; elle ne supporte, en fait d’influence extérieure, que ce qu’il lui convient d’accepter. Il en est de même quand plusieurs paroisses, combinant leurs ressources, se constituent en unions, de même encore quand plusieurs unions s’associent pour fonder des établissemens communs. Les corps qui se forment ainsi conservent leur liberté de mouvemens, deviennent de véritables entités, confondent leurs droits, sans en rien distraire, et ne les subordonnent qu’à une entente entre les contractans. On conçoit dès lors combien il est difficile de se reconnaître dans un régime où rien n’est bien défini, et qui semble se résumer dans un choc perpétuel de fonctions et de personnes.
Une complication récente est venue se joindre à ces embarras, légués par la tradition. Dans une certaine mesure et au moyen de quelques faveurs, la puissance centrale tend à empiéter sur les pouvoirs paroissiaux pour le gouvernement des écoles : elle en a déjà ramené plusieurs sous son influence, et s’efforce de gagner les autres. Son auxiliaire le plus actif est le comité du conseil privé ou conseil national d’éducation, et son autorité se manifeste principalement par un système de contrôle confié à des inspecteurs. Pour les écoles libres, ce contrôle est facultatif et presque toujours le résultat d’un marché ; il est obligatoire pour les écoles où l’état intervient forcément, comme surveillant et comme trésorier (les écoles des pauvres, des pénitenciers, etc.). Alors s’ajoute à ces divers rouages un rouage nouveau : des commissaires sont institués pour assurer l’exécution de la loi des pauvres. C’est à l’aide de ces moyens, bien compliqués, comme on le voit, que la nation anglaise a fait pénétrer l’instruction dans les couches les plus réfractaires de la société. Les résultats ne sont pas brillans sans doute, si l’on s’en tient à l’enquête où M. Senior nous sert de guide. Il ne faudrait pas néanmoins céder sans réserve à une première impression, et avant de condamner le système, il est bon de rechercher sur quelle portion de la société anglaise il doit agir.