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a succédé l’adagio d’un quintette d’Haydn avec tous les instrumens à cordes, et le concert a fini par la symphonie en ut majeur de Beethoven. Au concert du 25 janvier, Mme Pleyel, qui habite Bruxelles, où elle est professeur de piano au Conservatoire, a joué l’éternel Concert-Stuck de Weber. On a trouvé que la célèbre virtuose abusait un peu de son vieux répertoire et que le temps, qui marque toute chose de son signe indélébile, n’avait pas oublié non plus la pianiste éminente qui émerveillait Paris il y a trente ans. À cette même séance, on a exécuté la symphonie en la de Mendelssohn, et on a fini par l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini. Le concert spirituel du vendredi saint n’a pas été l’un des plus remarquables de l’année. La symphonie en ut mineur de Beethoven, qui remplissait le premier numéro du programme, a été faiblement rendue. Ce n’est pas le fort de M. Pasdeloup que de bien comprendre les mouvemens et les nuances de la musique et surtout des symphonies de ce grand maître. L’honorable chef d’orchestre scande trop la mesure, il la dissèque trop minutieusement, et il détruit l’effet général de la phrase en la brisant en petites propositions. Et puis les instrumens à vent de son orchestre manquent d’éclat : on les entend à peine à travers la sonorité prépondérante des instrumens à cordes. L’air d’église de Stradella a été chanté faiblement par Mme Nantier-Didier, dont la voix s’est considérablement altérée. Un Alléluia de Haendel, deux morceaux du Requiem de Mozart, un O salutaris de M. Auber qui ressemble à une cavatine d’opéra-comique, ont précédé un chœur religieux, Sanctus, de M. Gounod, morceau d’un style ample et très élevé. Les chœurs ont mérité des éloges. C’est le 19 avril que M. Pasdeloup a terminé sa brillante et fructueuse campagne par un concert qui a été le plus beau de la saison. La séance, s’est ouverte par la symphonie avec chœurs de Beethoven, qui a rempli toute la première partie du programme. On l’exécutait pour la première fois, et nous n’avons pas besoin de dire que toutes les difficultés d’une entreprise aussi hardie n’ont pu être surmontées. Le premier morceau a été d’abord exécuté trop lentement et avec mollesse. Dans l’allegro maestoso qui forme la seconde partie, les cors ont manqué leur attaque, et il n’y a véritablement que le scherzo qui ait résisté un peu aux tâtonnemens des exécutans. La quatrième partie, qui débute par ce magnifique récitatif des contre-basses, l’adjonction du chœur et du quatuor, cette effroyable péroraison qui accable l’auditeur et les exécutans, tout cela a été rendu par des efforts visibles dont il faut tenir grand compte à M. Pasdeloup et aux quatre cents artistes qu’il avait sous le regard et qu’il dirigeait avec un grand fracas de gestes. La seconde partie du programme a été remplie par différens morceaux tirés des œuvres de Haendel, des sélections, comme disent les Anglais. On a commencé par un très joli chœur de l’oratorio Salomon, où le style fugué et bien connu du grand maître rend avec grâce l’accent biblique du sujet. Un second chœur du même oratorio, — Doux rossignol, — a paru plus charmant encore, et les connaisseurs ont