Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/883

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’épouse fidèle. À droite sont les trois Parques, tria Fata, belles d’attitude et de style. Enfin Vibia, jugée, est introduite, par un personnage inscrit sous le nom de Bonus Angelus, au banquet mystique de sept convives, sept élus, sept sauvés apparemment, car une inscription les qualifie de bonorum judicio judicati. Il y a aussi la représentation d’un repas funèbre donné par Vincentius à Septe (m) pii sacerdotes.

Ces images sont si visiblement emblématiques qu’on a voulu même y voir, avec Raoul Rochette, le symbole d’un autre symbole, et comme une traduction figurée des images chrétiennes. Ce serait en vérité abuser de l’allégorie, et le voisinage tant de la sépulture d’un prêtre de Mithra que de la figure d’une femme couronnée qui passe pour Vénus rend ces hypothèses bien invraisemblables. Pourquoi ne pas accepter le rapprochement fortuit ou calculé des deux philosophies de la mort qui se disputaient alors les esprits ? On y peut noter une différence : c’est que, tandis que les chrétiens devaient attacher un sens littéral de réalité à quelques-uns de leurs symboles, les gentils, à cette époque, ne voyaient certainement dans les leurs que des fictions destinées à figurer des vérités mystérieuses. Au fond que savaient-ils les uns comme les autres de mieux que cette parole : « rien ne te suivra dans la mort que le bien que tu auras fait ? »

Une des antiquités les plus précieuses du musée de Latran est la statue de saint Hippolyte. Regardée comme un monument du IIIe ou du IVe siècle, elle a une assez grande importance dans l’histoire de l’église et de la sculpture chrétienne, et cette importance n’a pu qu’augmenter depuis les controverses qui se sont élevées autour du nom d’Hippolyte.

Ce ne semblerait pas le lieu, d’en traiter, si l’occasion ne nous tentait de montrer comment sur cette terre d’Ausonie la découverte et la présence des inappréciables débris que recèle un sol historique provoquent ou suggèrent des questions qui intéressent le passé et le présent, qui nous reportent aux discussions des premiers siècles chrétiens et s’étendent à celles du nôtre. Cette statue donc ressemble à celle d’un philosophe grec. C’est un personnage au front chauve, à la barbe assez touffue. Il porte la toge romaine pardessus le pallium grec. Son coude est appuyé sur un livre. Il est assis sur une chaise antique dans le style particulier à la cathedra, ou chaire cathédrale qui a donné leur titre aux églises épiscopales. Il se peut que le corps soit plus ancien que la tête, que celle-ci soit un morceau rapporté plus tard pour faire d’un philosophe un évêque, que même toute la statue, la tête comprise, ait été appliquée telle quelle d’un personnage à un autre pour perpétuer non la ressemblance,