Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/865

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

place après avoir été séparée du tronc. On dit, c’est une tradition, qu’elle garde le costume et l’attitude où la sainte a été trouvée dans son tombeau. Cette statue est un ouvrage du dernier siècle, plein de grâce et d’expression. On l’aime beaucoup à Rome, et l’on en trouve partout des copies, des réductions, des dessins, des photographies.

J’ai dit que cette statue, d’une naïveté un peu coquette, représentait au naturel la sainte ensevelie. Telle en effet Baronius prétend l’avoir vue, lorsque son cercueil de cyprès fut ouvert en 1599. Ses restes reposaient dans l’église actuelle depuis que Pascal II, le grand déprédateur des catacombes, les y avait transportés ; mais quelle était l’authenticité de la relique et du tombeau ? Malgré la célébrité du nom, rien ne paraissait plus hasardé que la légende, au point que l’honnête Tillemont refusait d’y croire, et prenait la Romaine Cécile pour une martyre de Sicile morte en 178. Cependant il existe un itinéraire de deux pèlerins de Salzbourg dont on place le voyage en Italie au VIIe siècle, sous Honorius. Il est du moins fort antérieur au pontificat de Pascal II. Or ce document singulier a ce mérite d’être confirmé sur beaucoup de points par le premier moderne qui ait visité les catacombes. Ses auteurs y décrivent des choses qu’a retrouvées Bosio au XVIIe siècle. De plus ils disent que de leur temps le tombeau de sainte Cécile, placé près de celui du pape saint Urbain, était l’objet d’une grande vénération ; mais ce tombeau, où l’avaient-ils vu ? Dans certaines catacombes de Saint-Calixte, voisines, mais distinctes de celles de Saint-Sébastien. C’est guidé par leur itinéraire que l’habile antiquaire M. De Rossi a retrouvé en 1854, dans une vigne à droite de la Voie Appienne, et plus près de la ville que l’église de Saint-Sébastien, l’entrée d’une galerie en couloir où des pèlerins ont laissé leurs noms écrits. Par là on arrive à une chambre mortuaire où des inscriptions grecques en lettres grossières indiquent la sépulture d’Éleuthère, d’Anthère, de Fabien, de Lucius, les deux derniers suivis de cette désignation : épis, mar., évêque martyr. Ce sont, comme on sait, quatre papes canonisés à placer entre les années 177 et 256. D’après une inscription indubitablement composée par Damase au IVe siècle, les sépultures d’autres papes, Urbain, Corneille, Sixte II, Eutychianus, ne devaient pas être éloignées. Il serait trop long de raconter par quelle suite de bonnes fortunes et d’adroites recherches les preuves matérielles de tout ce qu’annonçaient les documens écrits ont été retrouvées. Qu’il nous suffise de dire que la crypte pontificale communiquait obliquement avec une chambre plus intérieure et ornée de peintures où, sous une niche en arceau, M. De Rossi a eu la joie de trouver un sépulcre taillé dans le tuf ouvert et vide, et sur la