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bon pasteur. Au fond de l’arcosolium, un Christ jeune est assis entre six de ses disciples, dont un seul a de la barbe, peut-être saint Pierre ; mais d’autres croient reconnaître Etienne et les six diacres. Un zèle qui n’avait rien de sacrilège a malheureusement dépouillé les souterrains de Sainte-Agnès de ce qu’ils renfermaient de plus précieux, et aucune sépulture n’est demeurée intacte ; mais il reste dans les cellules vides et ouvertes des ossemens humides et pulvérulens, et peut-être ramasserait-on encore dans le sable quelque débris funèbre du mobilier de cet Herculanum sacré.

Moins expressives et plus célèbres, les catacombes de Saint-Sébastien, à deux milles de la porte du même nom, près de la Voie Appienne, étaient les seules renommées au commencement du moyen âge. L’église actuelle de Saint-Sébastien n’a pas trois siècles d’existence ; mais elle renferme encore une inscription du pape saint Damase, très reconnaissable à la versification et à la calligraphie, et cette inscription, qui ne peut être postérieure à la fin du IVe siècle, annonçait la place où reposait le pape Eutychianus, qui mourut martyr en 283. Une des portes de l’église conduit à l’entrée voûtée des premières galeries souterraines auxquelles on ait donné le nom assez obscur de catacombes. Celle-ci, désignée non moins obscurément par le nom de Platonia, fut longtemps la plus vénérée, peut-être la seule visitée, parce qu’elle passait pour avoir recelé les restes des apôtres Pierre et Paul, jusqu’au jour où ils furent déposés séparément dans les deux basiliques placées sous leur invocation. Dans le même confessionnal, on montrait aussi le siège épiscopal sur lequel le pape saint Etienne avait été martyrisé. On disait que dans ces galeries, qui s’étendaient au loin, cent soixante-dix mille corps avaient été ensevelis. La Platonia ou la partie des catacombes attenante à Saint-Sébastien est proprement un caveau voûté en pierre qui n’est pas enfoui tout entier, qui reçoit le jour par une ouverture. Treize arcosolia entourent une sorte de puits où l’on dit que les restes de Pierre et de Paul furent déposés quelque temps. Cette disposition a été imitée dans le confessionnal de plusieurs églises ; mais cette crypte, en tout temps ouverte au public, fréquentée dans tous les siècles, ne donne pas une idée exacte des catacombes proprement dites. Les peintures qu’elle contient sont, au moins pour la plupart, d’une époque bien postérieure à l’abandon de ce mode de sépulture primitive. C’est à peine si l’on peut accepter comme du IVe siècle un Jésus-Christ avec le nimbe, placé entre deux personnages (Pierre et Paul), et donnant les clés à l’un d’eux. Ce qui recommande d’ailleurs le plus vivement à une pieuse curiosité le cimetière de Saint-Sébastien, c’est le voisinage de celui de Saint-Calixte. D’abord méconnu sous le nom de cimetière de Saint-Prétextat,