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fougueux orateurs catholiques ; mais l’incident le plus intéressant peut-être de cette discussion, c’est le début tout à fait remarquable d’un nouveau député, d’un jeune homme qui a vingt-sept ans à peine, M. Bara. Rapporteur de la loi, M. Bara en a suivi toute la discussion en montrant, dès son coup d’essai, les qualités les plus distinguées d’un orateur politique. Le succès de M. Bara, relevé par sa jeunesse, a fait sensation en Belgique, et, quoique chez nous la politique soit peu éprise des jeunes gens, nous envoyons volontiers de France au jeune député belge notre tribut d’applaudissemens et d’encouragemens.

Les élections qui vont commencer en Belgique sont un autre spectacle, qui est par comparaison peu flatteur pour la France. Certes la démarcation des partis est fortement accentuée en Belgique : catholiques et libéraux vont aux élections avec la volonté sérieuse d’assurer le triomphe de leurs principes ; mais le long usage du vote, la jouissance demi-séculaire de toutes les libertés ont habitué les Belges à exercer avec le plus grand calme le droit électoral. Un mandement très vif de l’évêque de Bruges n’a pas réussi à envenimer la lutte. Les élections du 9 juin se passeront donc sans le moindre trouble. À Bruxelles, où la supériorité du parti libéral est incontestée, les élections n’inspirent plus même d’intérêt depuis que les deux fractions de l’opinion libérale se sont mises d’accord pour réélire les onze députés sortans. Il n’y a qu’une tache à ce tableau : la ville d’Anvers, grâce à son agitation exagérée contre les fortifications, perd son ancien représentant, le vétéran du libéralisme belge, M. Ch. Rogier, qui, dans une lettre très digne, vient d’annoncer qu’il ne solliciterait plus les suffrages de ses anciens commettans.


E. Forcade.
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ESSAIS ET NOTICES.


Dans un précédent numéro de la Revue des Deux Mondes (1er  janvier 1863), nous avons appelé l’attention du monde savant et du monde instruit sur un ouvrage, intéressant à tous les points de vue[1], science, industrie, mœurs, agriculture, histoire naturelle, etc. Il manquait à cette publication une annexe importante dont nous n’avons pas nommé l’auteur, et dont nous n’avions pas encore pu prendre connaissance. Ce travail nous est communiqué aujourd’hui, et nous voulons réparer une omission qui laisserait incomplète l’utilité des notes si précieuses de M. Maillard, d’autant

  1. Notes sur l’île de La Réunion, par M. L. Maillard.