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LA
SOCIETE FRANCAISE
AU XVIIIE SIECLE

I.
LES MOEURS ET LES HOMMES SOUS LOUIX XV.

I. Journal et Mémoires du marquis d’Argenson, publiés pour la première fois d’après les manuscrits autographes de la Bibliothèque du Louvre, etc., par M. E.-J.-B. Rathery, 4 vol., 1859-1862. — II. Mémoires et Journal inédit du marquis d’Argenson, ministre des affaires étrangères sous Louis XV, publiés et annotés par M. le marquis d’Argenson, 5 vol. Paris, 1857-1858. — III. Chronique de la régence et du règne de louis XV (1718-1763), Journal de Barbier, avocat au parlement de Paris, 8 vol. Paris, 1858. — IV. Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), publiés sous le patronage de M. le duc de Luynes par MM. Dussieux et E. Soulié. Paris, 1860-1862.

Certains hommes pensent, quelques-uns vont même jusqu’à dire que nous sommes indignes de la liberté, que la liberté est un privilège de la race anglo-saxonne, et que le césarisme est le régime que nous méritons. À les entendre, l’histoire est là pour le prouver, les Anglais ont toujours été ce qu’ils sont ; les Français sont toujours ce qu’étaient leurs pères ; bien mieux, ils sont dégénérés. Le mot a été dit. Ceux qui traitent avec si peu d’indulgence leurs modestes contemporains n’ont sans doute pas eu le loisir de regarder le portrait que Montesquieu nous a laissé des Français de son temps dans les Lettres persanes et des Anglais de son temps dans les Notes sur l’Angleterre. Ils y auraient peut-être vu que, malgré tout ce que nous avons perdu et désappris en ces dernières années, nous