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et masquer les résultats calorifiques. M. Béclard s’assura qu’en appliquant sur la peau du bras un simple thermomètre et enveloppant le tout d’un corps mauvais conducteur de la chaleur, d’une bande de laine par exemple, le thermomètre accusait nettement les variations de température ; il se décida dès lors à recourir à ce moyen direct d’observation. Il opéra d’ailleurs sur lui-même et fit, pendant les étés des années 1858 et 1859, une série continue d’expériences dirigées avec le soin le plus minutieux.

Nous n’essaierons pas de marquer toutes les précautions ingénieuses que prit l’expérimentateur pour écarter toutes les causes d’erreur, pour rendre tous les résultats comparables entre eux et pour dégager le phénomène principal des faits accessoires qui auraient pu le modifier. Nous indiquerons au moins la forme générale de ses expériences. Il était assis sur un siège complètement fixe, les deux bras tombant naturellement le long du corps et les avant-bras coudés à angle droit. Au-dessus de lui, une corde s’enroulait sur deux poulies et venait, armée de deux mannettes, tomber auprès de chacune de ses mains. Les deux mains saisissaient ces mannettes, la paume tournée en haut. C’était en effet dans cette position, M. Béclard l’avait vérifié, que la plus grande partie de l’effort se concentrait sur les muscles biceps brachial et brachial antérieur sur lesquels il avait appliqué son thermomètre. La main droite avait d’ailleurs pour fonction d’agir sur un poids de 5 kilogrammes attaché à la mannette droite. La main gauche au contraire tenait simplement la manette correspondante, à laquelle aucun poids n’était suspendu.

Quant au principe même des expériences, il consistait, comme on l’a déjà vu précédemment, à observer successivement une même contraction musculaire, d’abord à l’état statique, c’est-à-dire sans aucun travail extérieur accompli, et ensuite à l’état dynamique, c’est-à-dire avec accomplissement d’un travail extérieur. Le caractère de ces essais est donc une comparaison continuelle entre la contraction statique et la contraction dynamique. Les effets thermométriques correspondant à la première ne sont jamais observés que pour être mis en regard des effets analogues qui correspondent à la seconde. Et c’est de ce rapprochement que M. Béclard tire ses enseignemens.

Deux séries d’essais, chacune double en raison des deux termes à déterminer, lui fournissent ses conclusions.

Dans la première série, la main droite commençait par soutenir le poids immobile pendant cinq minutes : état statique. Pour constater l’état dynamique, cette même main droite, pendant le même intervalle de temps, élevait le poids jusqu’à une faible hauteur (16 centimètres) un assez grand nombre de fois ; le poids redescendait