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calorifique à pression constante, cette seconde toujours plus grande que la première. Pour l’air atmosphérique par exemple, ces deux quantités étaient dans le rapport de 1 à 1,421. La physique avait ainsi dressé des tables qui donnaient pour chaque gaz les deux capacités calorifiques, et la différence de ces deux quantités avait reçu un nom, elle s’appelait la chaleur latente de dilatation. C’était bien en effet l’excédant de chaleur qui était consommé sans produire un excédant de température dans celui des deux cas où le gaz prenait un accroissement de volume. La physique en restait là. Chacun des gaz avait ses deux chaleurs spécifiques, indépendantes en quelque sorte l’une de l’autre ; aucun rapport nécessaire ne semblait lier ces quantités entre elles. Aujourd’hui la question s’éclaircit à la lueur du principe nouveau, et ce qui était latent devient patent. Cet excès de chaleur qui est absorbé dans le cas où le gaz prend un accroissement de volume devient pour nous l’équivalent exact du travail mécanique que ce gaz développe en se dilatant. En même temps que le rôle de la chaleur latente de dilatation se trouve ainsi expliqué, une relation fixe, une équation mathématique s’établit entre les deux capacités calorifiques d’un même gaz, puisque le nombre de calories qui représente leur différence équivaut à un travail mécanique que nous pouvons apprécier et exprimer en kilogrammètres.

Voilà ainsi deux données qui ne paraissaient pas autrefois, solidaires l’une de l’autre, et dont nous découvrons la relation nécessaire. L’équation à laquelle elles doivent satisfaire nous permet donc de faire une série de vérifications, vérifications d’autant plus précieuses que les valeurs numériques des chaleurs spécifiques à volume constant et des chaleurs spécifiques à pression constante ont été autrefois déterminées, pour les différens corps gazeux, par des expériences directes, très soignées, très précises, et avant qu’on soupçonnât le lien qui devait unir ces deux quantités. Cette équation prend donc une importance capitale. Si l’on suppose connu le nombre qui représente l’équivalence de la chaleur et du travail, elle peut servir à contrôler toutes les valeurs anciennement déterminées pour les chaleurs spécifiques. Si au contraire on regarde ces valeurs comme des données acquises, elle fournira une série de déterminations numériques du nombre fondamental de l’équivalence. Toutes les déterminations qui ont été faites par ce procédé oscillent, ainsi qu’on pouvait s’y attendre, autour du nombre 425, qui peut être regardé comme leur valeur moyenne.

L’expérience des deux récipiens de M. Joule, les indications sommaires que nous venons de donner sur les capacités calorifiques montrent dans quel esprit a été révisée l’étude de la dilatation des