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LA POLOGNE
SES ANCIENNES PROVINCES
ET SES VÉRITABLES LIMITES



Les Russes reconnaissent quelquefois aux Polonais le droit de revendiquer le pays qu’on appelle depuis 1815 le royaume ; mais lorsque ceux-ci réclament les autres territoires qu’ils ont successivement perdus depuis 1772, les Russes répondent que cette revendication ne s’appuie sur aucun droit ; ils ajoutent qu’ils n’ont fait que reprendre à la Pologne des provinces autrefois usurpées sur la Russie. Il y a donc lieu de rechercher, en consultant l’histoire et les traités, à quel titre les provinces en question, — la Lithuanie, la Volhyine, la Podolie et l’Ukraine de la rive droite du Dnieper, excepté la ville de Kiev, — faisaient partie de la Pologne en 1772, à l’époque où a commencé la situation irrégulière dont l’Europe souffre depuis quatre-vingt-dix ans. De récentes publications, complétées et contrôlées par des communications d’un sérieux intérêt, nous faciliteront cette recherche.

Il faut se placer à un point de vue tout spécial quand on traite certaines questions qui agitent le monde slave. À tort ou à raison, la diplomatie occidentale n’attache guère d’importance à l’érudition et à la littérature. Elle demande l’autorité de ses arrêts soit aux traités existans, soit à quelques principes généraux. Dans l’orient de l’Europe au contraire, les grandes questions internationales sont d’abord traitées par les savans et par les poètes. Sur les bords du Danube, de la Vistule, du Volga et du Dnieper, l’érudition et la poésie sont des armes ordinaires de la politique, dont elles préparent, expliquent