Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/481

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a fourni à nos troupes une nouvelle journée de gloire. L’opiniâtreté de la garnison mexicaine a fait de la prise de Puebla une victoire digne de notre armée. Nous espérons que la destruction de l’armée d’Ortega va nous ouvrir la route de Mexico et avancer la fin d’une expédition qui avait donné à la France de pénibles inquiétudes ; mais la France est accoutumée à recevoir de la bravoure de ses troupes la solution des difficultés que sa politique s’est suscitées. Le général Pioupiou n’est pas seulement un grand vainqueur, il lui arrive souvent d’être un grand homme d’état,


E. FORCADE.



REVUE MUSICALE


Il faut avouer que le théâtre de l’Opéra-Comique n’est pas heureux, depuis quelque temps, avec les nouveaux ouvrages dont il cherche à enrichir son répertoire. À peine avait-il essuyé les larmes que lui avait fait verser la perte de la Déesse et le Berger, qu’il voit mourir, le jour même de sa naissance, Bataille d’amour, opéra en trois actes, qu’une foule de petits prophètes lui avaient annoncé comme une merveille ! C’est le 21 avril qu’est arrivée cette catastrophe, qui a soulevé dans le public une de ces tempêtes salutaires qu’il faut désirer de temps en temps pour purger l’atmosphère de ces mille insectes qui empoisonnent l’air qu’on respire. En effet, Bataille d’amour est une assez triste comédie d’intrigue dont M. Sardou a pris la donnée dans une vieille pièce connue sous le titre de Guerre ouverte, ou Ruse contre Ruse, et cette pièce même est d’un certain Dumaniant, qui en avait puisé l’idée dans une comédie espagnole.

Voici brièvement l’histoire que nous racontent, en trois mortels actes, MM. Sardou, un homme habile, et son collaborateur Karl Daclin, poète administratif d’un certain talent. Le marquis d’Hocquincourt est un vieux galant et un viveur qui n’a rien oublié de son passé, et qui, sous ses cheveux blancs, conserve une assez forte dose de gaîté égrillarde. Le marquis a une nièce, et comme beaucoup de vieux libertins, comme beaucoup de vieilles coquettes devenues dévotes, il veut marier sa nièce Diane à sa façon, et sans consulter son cœur. Telles sont les dispositions du marquis, lorsqu’il est abordé par le comte Tancrède, jeune homme élégant, riche et spirituel, qu’il connaît et qu’il reçoit de bonne humeur. — Que venez-vous faire ici, mon cher comte ? — Je viens à la recherche d’une jeune personne que j’aime, et qui me paie de retour. — Et quel est le nom de cette héroïne de votre cœur ? — C’est votre charmante nièce Diane, et je viens précisément vous demander sa main. — La main de ma nièce ! Et qui vous dit qu’elle veut