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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai 1863.

La campagne des élections commence. Nous assistons aux premières escarmouches — dirons-nous de la lutte électorale ? — Le mot est bien gros et ne rendrait point exactement notre pensée, car nos lecteurs savent que nous n’apportons aucune illusion au spectacle auquel nous allons assister : on ne peut donner le nom de lutte à un débat où les moyens d’action sont distribués d’une façon si inégale entre les parties. Cependant il s’agirait bien d’une lutte véritable, s’il fallait s’en rapporter à la circulaire de M. le ministre de l’intérieur.

Nous ne sommes point des critiques passionnés et partiaux. Nous ne ferons donc pas difficulté d’avouer que, si l’on se place au point de vue fondamental de M. de Persigny, cette circulaire, on pourrait presque dire cette proclamation ministérielle, doit paraître remarquable par sa netteté et sa franchise. Il faut savoir gré au ministre de l’intérieur d’avoir exposé tout de suite et avec une vigueur sincère le programme de sa politique électorale ; mais, c’est peut-être un malheur pour nous, aucun effort d’esprit ne peut réussir à nous faire partager le point de vue fondamental de M. de Persigny. Nous avons eu des occasions si fréquentes de nous expliquer sur les principes soutenus dans la circulaire, que nous pouvons nous dispenser de les discuter dans cette circonstance. il nous suffira de prendre acte de la portée de quelques-unes des propositions énoncées dans ce document. M. de Persigny ne croit pas que le moment soit encore venu, pour une opposition constitutionnelle et légale, de prendre sa place dans le jeu des institutions de l’empire. Il nous rappelle encore d’une façon bien peu flatteuse pour notre amour-propre national notre infériorité à cet égard vis-à-vis de l’Angleterre. Il nous dit que chez nous il y a encore des partis qui ne sont que des factions, que ces partis, formés des débris des gouvernemens déchus, bien qu’affaiblis chaque jour par le temps, qui seul peut