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suivre ici dans les détails techniques de ses leçons, nous essaierons du moins d’en retracer les traits principaux.


I

Beaucoup de faits pourraient servir d’origine à l’exposition de la théorie nouvelle. On n’a que l’embarras du choix. Nous sommes en effet comme enveloppés par les manifestations de la chaleur et du travail mécanique. Il suffirait de prendre l’une d’entre elles, la première venue, et de l’examiner de près, pour y découvrir la relation des deux élémens qui nous occupent. M. Verdet prend pour point de départ l’étude de la machine à vapeur, et il se conforme ainsi à l’ordre historique des idées. C’est en effet par l’usage toujours croissant des moteurs à vapeur que l’attention a été appelée sur les phénomènes dont nous allons parler. Ce sont les machines à vapeur qui ont mis sans cesse sous nos yeux et fait entrer dans la pratique journalière de notre vie le spectacle du travail créé avec de la chaleur. C’est en contemplant les immenses résultats que notre siècle obtenait au moyen de ces organes, en voyant tous ces mouvemens produits, ces poids énormes soulevés, ces métaux travaillés, ces efforts de toute sorte réalisés, en regardant tous ces bras de fer s’agiter, toutes ces roues tourner, c’est, disons-nous, en examinant d’une part tout ce travail accompli et en se reportant d’autre part au foyer incandescent qui était l’origine de toute cette force, c’est en rapprochant cet effet et cette cause, que l’instinct public, avant même d’avoir la consécration de la science, a pu s’écrier : « Ce travail vient de cette chaleur ! Ce travail n’est qu’une transformation de cette chaleur ! »

Examinons donc le jeu d’une machine à vapeur, et prenons, pour fixer les idées, une machine à détente et à condensation. La machine produit un travail quelconque. Elle a pris son mouvement uniforme. Que se passe-t-il dans l’intervalle de temps qui correspond au mouvement de va-et-vient du piston ? De l’eau ayant une température basse est amenée du condenseur dans la chaudière et s’y vaporise ; une certaine quantité de vapeur est introduite sous le piston, elle le presse et se détend ; le piston se meut et la vapeur retourne au condenseur, où elle revient à l’état d’eau à basse température. Pendant cette série de phénomènes, un travail extérieur est produit par la machine. La série se renouvelle et avec elle un nouveau travail, et ainsi de suite. Si nous ne considérons que les déplacemens des corps qui sont en jeu et les effets mécaniques sensibles aux yeux, nous n’apercevons pas d’où vient le travail extérieur qui a été produit. Après la période correspondante à un mouvement