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et alors la reproduction ne pourra se faire spontanément par la graine ; on ne l’obtiendra que par des moyens artificiels, — boutures ou plantations. C’est ce qui arrive pour quelques arbres d’ornement de nos jardins, qui ne portent des fruits que dans les années exceptionnelles. On voit ce que la géographie botanique peut gagner à l’étude bien comprise des arbres forestiers.

C’est à un autre point de vue que l’économiste envisage les forêts. Sans s’occuper des essences qui les composent et des conditions particulières qu’elles réclament, son attention se porté tout entière sur les produits qu’on en retire et les besoins qu’elles peuvent satisfaire. Par les rapports qu’elles ont avec les autres branches de l’agriculture, par les travaux qu’elles exigent, par les industries qu’elles alimentent, les forêts exercent sur la prospérité d’une contrée, comme sur les mœurs des habitans, une action dont il est facile d’apprécier l’importance. Tandis que dans les Alpes elles disparaissent peu à peu, détruites par la dent impitoyable des troupeaux, dans les Vosges et le Jura elles sont au contraire considérées par tous comme une source de richesses, et donnent naissance à une foule d’industries fort productives ; tandis que dans les Landes et sur les dunes de Gascogne elles sont le seul moyen de mettre le soi en rapport, en Normandie elles font souvent obstacle aux progrès agricoles, quand elles usurpent une place qui conviendrait mieux aux céréales ou aux herbages.

C’est en se plaçant à ce double point de vue de l’histoire naturelle et de l’économie politique que l’on voudrait ici donner une idée de là forêt de Fontainebleau, une des plus célèbres que nous ayons en France. La beauté de ses massifs, l’imposante physionomie de son paysage, la diversité d’aspects qu’elle présenté, eh font comme un dès types les plus complets d’une monographie forestière et les plus intéressans à étudier.


I

Autrefois réunie à celle de Sénart, la forêt de Fontainebleau couvrait sur la rive gauche de là Seine une immense étendue, et s’avançait jusqu’à Charenton, à la porte de Paris ; mais, les parties cultivables ayant été peu à peu défrichées, elle n’offre plus aujourd’hui qu’une contenance de 17,000 hectares environ. C’est encore un des massifs les plus considérables que nous possédions. Entourant de toutes parts la ville de Fontainebleau, sauf du côté de la Seine où vient déboucher une large vallée, elle présente à peu près la forme d’un cercle incomplet dont la ville serait le centre, et dont