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de la mer est un sable fin ; toutes les conditions favorables sont réunies.

L’Islande qui est une colonie danoise, a 400 kilomètres de largueur depuis Beru-Fiord, point d’atterrissement du câble du côté de l’Ecosse jusqu’à Reikiavik, capitale de l’île, située sur la baie de Fax, en face du Groenland. Le pays n’est pas désert : jusque dans les montagnes centrales, le voyageur rencontre un peuple doux et hospitalier. Quoique la contrée soit tout entière d’origine volcanique, les ravages des feux souterrains se bornent aujourd’hui à la partie sud-ouest, où se trouvent l’Hécla, le Katla, volcans en activité. On a même observé quelquefois des éruptions sous-marines au sud de l’Ile ; aussi les câbles télégraphiques doivent être éloignés de cette région suspectée.

En allant de l’Islande au Groenland, distance de 1,000 kilomètres environ, la profondeur croît régulièrement jusqu’à 2,500 mètres, maximum que l’on atteint à peu près à moitié distance ; mais la côte orientale du Groenland est bloquée par les glaces flottantes pendant toute l’année. Il faut doubler le cap Farewell et arriver sur la côte occidentale pour trouver un point d’atterrissement convenable. C’est là que sont établies les colonies danoises, Julianshaab, Frederickshaab, etc., qui servent de relâche aux bâtimens baleiniers. Le Groenland est une terre élevée, qui se termine au bord de la mer par des côtes escarpées, stériles, mouchetées de dépôts de glace. « Le Groenland, a dit l’amiral Ross, est la seule terré que les marins n’aperçoivent pas avec joie. » Cependant quelques vallées intérieures sont couvertes de verdure, d’où ce nom de terre verte, qui lui a été donné par contraste sans doute avec la désolation des contrées arctiques.

Du Groenland au Labrador, la distance est de 900 kilomètres et la profondeur ne dépasse pas 3,800 mètres. Le Labrador est aussi un pays stérile, qu’il faut traverser sur une longueur de 400 à 500 kilomètres pour atteindre le golfe Saint-Laurent et les premiers établissemens canadiens. En Islande, au Groenland et au Labrador, le thermomètre descend souvent pendant l’hiver à 20 degrés au-dessous de zéro. Ce climat sévère n’arrête pas les pêcheurs et les négocians qui ont en été des comptoirs plus au nord que les régions qu’on vient de traverser.

La rigueur du froid et la stérilité du pays ne sont pas encore les inconvéniens les plus graves pour l’établissement d’une ligne télégraphique dans ces parages. Ce qu’il faut craindre surtout, ce sont les glaces flottantes. Le Groenland est entièrement bloqué par les glaces pendant huit ou neuf mois de l’année. Ce n’est pas une congélation locale : ce sont des montagnes flottantes, des banquises détachées