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fréquentes. Jusqu’en 1841, on avait conservé mémoire de soixante-dix tremblemens de terre éprouvés dans l’archipel, sans compter ceux qui n’auraient été sensibles qu’en pleine mer. De temps en temps des îles apparaissent, puis disparaissent subitement, comme s’il se produisait de fréquentes éruptions de volcans sous-marins. Les hydrographes ont observé que le niveau du sol de la mer varie fréquemment dans ces parages. En 1757, on vit sortir dix-huit îles du sein des eaux ; leur apparition fut précédée de tremblemens de terre ; la mer bouillonnait avec violence ; une colonne de feu, de fumée, de cendre et de pierre ponce s’élevait dans les airs. L’aspect général des Açores indique une origine volcanique ; on n’aperçoit que des rochers qui ont subi l’action du feu, des laves, ; des scories, des cratères de volcans éteints. Les côtes sont abruptes et présentent presque partout de hautes falaises. Les fonds sur lesquels les navires peuvent jeter l’ancre ont peu d’étendue, et la sonde rencontre tout autour des îles, entre les îles mêmes, des profondeurs de quelques centaines de mètres avec un sol rocailleux.

Voilà bien des dangers pour les câbles télégraphiques, qui sont si fragiles ; mais les phénomènes volcaniques ont été principalement observés entre les îles de Terceira et de Saint-Michel ; le reste de l’archipel, sans en être tout à fait exempt, n’y est pas à beaucoup près aussi sujet. Les neuf îles, qui sont groupées à quelque distance l’une de l’autre, s’étendent sur 300 kilomètres de largeur du nord au sud et 700 kilom. de longueur de l’est à l’ouest. Est-il croyable que cet immense espace soit simultanément affecté par des tremblemens de terre ? Il serait sans doute aisé de prévenir les accidens par un choix judicieux des points d’atterrissement, de manière à éviter les côtes où les volcans sont le plus à craindre. Ce serait d’ailleurs se tromper grossièrement que de limiter à la zone des Açores les dangers que les tremblemens de terre sous-marins font courir aux câbles. Il n’est pour ainsi dire pas un océan où quelque phénomène de même nature ne se manifeste. De nos jours, nous avons vu se former en 1831 l’île Julia au sud-ouest de la Sicile, Bogoslaw en 1814 dans l’archipel aléoutien. Les relations des navigateurs signalent des éruptions semblables autour de l’Islande, dans les îles de la Sondé, les Philippines et les Moluques, dans tout le grand Océan et jusqu’au Kamtchatka, c’est-à-dire dans toutes les mers et sous toutes les latitudes ; Nous sommes portés à croire que certains câbles de la Méditerranée ont été détruits par des tremblemens de terre. Les Anglais eux-mêmes reconnaissent que ces dangers ne sont pas spéciaux à la région qui nous occupe, et l’un d’eux proposait d’en préserver les conducteurs sous-marins en les suspendant à des balises au-dessus des bas-fonds suspects. À l’appui de ce moyen, qui semble