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LA CHINE
DEPUIS LE TRAITE DE PEKIN

LES ANGLO-FRANCAIS, LES IMPERIAUX ET LES TAÏ-PINGS.

Il y a deux ans, à la suite de la brillante campagne qui portait les troupes anglo-françaises jusqu’au cœur de la Chine, chacun se plaisait à croire qu’une ère nouvelle allait commencer pour les Européens appelés ou retenus par leurs intérêts dans ce vaste empire. On n’avait aucune raison de craindre beaucoup une régence encore mal affermie et assez peu favorable en apparence à ce vieux dogme de la politique chinoise qui ferme l’empire aux étrangers. On savait cette régence sans grand appui dans le peuple, presque sans finances à cause de l’indemnité de guerre à payer, et ne possédant qu’une armée peu exercée, aussi incapable de la protéger efficacement contre les rebelles que de nous attaquer avec succès. Une grave question apparaissait toutefois comme un point noir dans cet avenir qui s’annonçait si brillant. On se demandait avec inquiétude comment tourneraient les choses le lendemain du jour où, conformément aux stipulations des traités, les garnisons anglo-françaises auraient quitté Ta-kou, Tien-tsin et Shang-haï. N’aurions-nous pas à craindre un revirement dans la politique du gouvernement de Pékin, lorsque la protection matérielle de nos intérêts serait définitivement remise entre les mains des ministres et des consuls, n’ayant d’autre appui que les forces d’une station navale dispersée sur les côtes ?