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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1863.

Deux grandes questions étaient engagées au sein de l’opinion publique : l’une intérieure, l’autre extérieure, — la question des élections prochaines et la question de Pologne. La perspective de la lutte électorale vers laquelle nous marchons commençait à remuer, le public plus sérieusement, nous en faisons l’aveu, que nous ne nous y étions attendus. Le drame polonais excitait toujours la même pitié, la même anxiété, les mêmes tourmens de cœur et d’esprit qu’inspire à ceux qui sont impuissans sur la direction des affaires le spectacle d’une nation que l’on égorge froidement sous leurs yeux. Voici qu’un incident curieux, amené par une cause qu’il eût été difficile de prévoir, nous vient surprendre au milieu de ces deux grandes préoccupations : nous entendons parler de la démission de M. Fould. La retraite du ministre des finances, si elle s’accomplit, est un fait très accidentel dans sa cause : elle aura été déterminée par un communiqué adressé à deux journaux de Paris, et dont l’envoi ne peut s’expliquer que par l’absence de M. le ministre de l’intérieur ; mais c’est un fait très important par les conséquences qu’il peut avoir, et qui présente un intérêt tout particulier à la veille des élections générales. À en juger par le communiqué, on donnerait quelque part dans les régions officielles au sénatus-consulte du 31 décembre 1861 une interprétation que le promoteur principal de ce sénatus-consulte ne pourrait guère accepter, et qui paraîtra inconciliable surtout avec les explications très lucides que M. Fould venait de présenter, il y a peu de jours, au sénat, sur le caractère et la portée de son système. Si la démission de M. Fould était acceptée, le communiqué en question serait une des pièces les plus considérables du procès que le suffrage universel serait appelé à juger dans quelques mois, peut-être dans quelques semaines.

Si l’on nous demandait un programme de conduite pour l’opposition libérale dans les élections prochaines, nous ne répondrions point sans une certaine répugnance et une certaine réserve. Il y a dans les élections générales