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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XX.
LES CHEMINS DE FER A TRAVERS LONDRES.
LE METROPOLITAN RAILWAY.



Il est un côté par lequel l’industrie moderne touche à la poésie, et ce côté est la grandeur de la réalité, souvent plus merveilleuse elle-même que la fiction. Les chemins de fer présentent au-delà du détroit ce caractère de positivisme superbe et gigantesque. Robert Stephenson avait calculé quelque temps avant sa mort que si toute la terre remuée pour la construction des lignes britanniques était transportée et entassée dans le même endroit, elle élèverait vers le ciel une montagne ayant plus d’un mille et demi de diamètre sur un mille et demi de hauteur. Tous les ans, cinq ou six mille acres de forêts doivent être éclaircis par la hache, et trois ou quatre cent mille grands arbres sont condamnés à tomber rien que pour fournir les traverses de bois, sleepers, qui relient et fixent les rails. À chaque minute, quatre ou cinq tonnes de charbon et vingt ou vingt-deux tonnes d’eau s’évanouissent en vapeur sur les routes ferrées du royaume-uni. À chaque seconde, un espace de trois milles et demi se trouve traversé, dévoré par des milliers de personnes courant à leurs affaires ou à leurs plaisirs. Des rapports officiels constatent en effet que, durant l’année 1861, quatre millions de trains ont parcouru,