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TROIS MINISTRES
DE L’EMPIRE ROMAIN
SOUS LES FILS DE THÉODOSE.

IV.
PREMIER SIEGE DE ROME PAR ALARIC.


I.

Honorius enfin se sentait émancipé : il avait tué son tuteur[1], forcé sa belle-mère à fuir pour éviter le même sort, et chassé sa femme du palais, en attendant qu’il la chassât de Ravenne ; ses eunuques lui dirent sans doute qu’il était un homme. Euchérius lui manquait encore. Enlevé par un gros d’auxiliaires barbares pendant qu’on égorgeait son père et conduit par eux jusqu’aux portes de Rome, le fils de Stilicon s’y était réfugié : Sérène n’avait pas tardé à l’y rejoindre. Voyant ensuite que les espions du nouveau ministre Olympius le poursuivaient de demeure en demeure et le traquaient comme une proie, Euchérius se retira dans une église qui jouissait du droit d’asile. Il eût pu s’y croire en sûreté; mais le chef du parti catholique ne respectait pas plus une église chrétienne qu’un temple païen, quand ils gênaient son intérêt ou son caprice, et une lettre

  1. Voyez, dans la Revue du 1er juillet 1862, les détails de la mort de Stilicon, qui amena contre Rome l’entreprise d’Alaric. Voyez en outre les études sur Rufin et Eutorpe dans la Revue du 1er novembre 1860n du 1er mars et du 1er août 1801.