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vines ont moins besoin d’air que les chevaux, et elles ne souffrent pas autant d’un peu de chaleur, ni même d’une légère altération de l’atmosphère qu’elles respirent. Vingt-quatre mètres cubes d’air par bête adulte suffisent largement aux meilleures conditions. Pour les étables à veaux d’élève, qui demandent un air plus vif et plus sec, on se trouve bien d’approcher de cette proportion; mais pour les vaches laitières, surtout pour celles que l’on se propose d’engraisser, la parfaite aération du bâtiment n’a pas une importance aussi grande. Il ne faut cependant pas oublier que les poumons des animaux ont, comme leurs autres organes, des exigences à satisfaire, et que de terribles mécomptes viennent souvent punir un trop complet oubli des lois de la nature. C’est ce qu’on remarque surtout dans plusieurs contrées où l’on tient enfermés dans des espèces d’étuves sans air, auxquelles on donne à tort le nom d’étables, des animaux qui, sortant en moiteur pour aller boire et pâturer, et trouvant au dehors une eau glaciale ou un air trop vif, subissent le pernicieux effet d’aussi brusques transitions.

Les bêtes bovines, quand elles se couchent, replient leurs jambes sous elles-mêmes. Les séparations et les boxes ne sont donc pas nécessaires dans une étable, excepté pour les taureaux, les vaches qui viennent de mettre bas, et enfin pour les animaux qu’on engraisse à côté d’autres bêtes soumises à un régime alimentaire moins succulent. Si ce sont des vaches que l’on entretient, faire ne doit pas avoir une pente très prononcée, car des avortemens pourraient en résulter : 3 mètres 50 centimètres de long et un peu moins de 2 mètres de large suffisent pour des bêtes vivant en commun. L’attitude habituelle des bêtes bovines indique clairement que leurs râteliers doivent être tenus un peu bas, droits plutôt qu’inclinés, en laissant aux barreaux qui retiennent le fourrage un écartement de 10 à 11 centimètres. Aujourd’hui cependant on commence à adopter dans plusieurs fermes une disposition de râteliers descendant jusqu’à terre, ce qui permet aux animaux de passer la tête entre les barreaux pour aller prendre leur nourriture sur le sol où on l’a déposée : c’est en partie l’étable belge ou flamande. Les bêtes se trouvent exactement alors dans les mêmes conditions d’attitude qu’au pâturage. Quant aux crèches, elles ne s’élèveront jamais à plus de 90 centimètres au-dessus du sol, et elles seront d’autant plus larges et profondes que les animaux devront plus souvent recevoir une nourriture aqueuse. Si l’on veut tenir en stabulation permanente ou presque permanente les bêtes qui peuplent une étable, le service des fourrages verts et la manipulation des divers alimens exigent le voisinage immédiat d’une chambre ou tout au moins d’un abri dont on fera bien de se préoccuper en construisant la ferme. La vacherie de Vincennes, avec son petit chemin de fer intérieur, ses auges arrosables et son mode d’attache, serait un modèle parfait dans ce genre, n’était la question de finance, qui ne peut pas être pour un simple cultivateur aussi secondaire que pour un domaine impérial.

Quoique les dispositions adoptées pour nos étables soient souvent défectueuses, on peut malheureusement dire que l’organisation de nos bergeries est pire encore. Si l’on excepte les pays où une culture avancée a fait introduire des bêtes de valeur et beaucoup augmenter l’importance des troupeaux, presque partout les moutons sont logés d’une manière déplo-