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tans du pouvoir. Pendant ce temps, l’Italie fait ses comptes et ouvre ses caisses au produit de son grand emprunt : nous lui souhaitons bon succès; nous espérons que M. Minghetti tiendra ses promesses, et montrera autant de vigueur de caractère dans l’accomplissement de sa tâche qu’il a montré d’ingéniosité et d’élévation d’esprit dans la conception de son plan financier. Pendant ce temps encore, l’Espagne traversait une épreuve à laquelle elle est rompue par une vieille habitude : elle a changé de ministère, essayant de plusieurs durant la crise, et recevant à la fin un cabinet auquel elle ne s’attendait guère.

Le cabinet du général O’Donnell, après une durée de cinq ans, a définitivement succombé devant tous les assauts dirigés contre lui, ou, pour mieux dire, il s’est laissé tomber dans une situation moralement rétrécie et amoindrie, pris de défaillance en pleine possession d’une majorité parlementaire modèle. La crise de reconstitution qu’il avait traversée après les débats sur le Mexique avait trop laissé voir une véritable incohérence ; il s’est recomposé un instant, et il n’est tombé que plus vite, faute d’avoir pu faire accepter par la reine la dissolution d’une chambre qui ne lui avait pourtant jamais causé la surprise d’un vote hostile, qui n’avait d’autre défaut que de refléter merveilleusement la confusion des partis. Mais voilà où commencent les péripéties. Tout le monde a été quelque peu appelé à donner son avis. C’est d’abord le général Manuel de la Coucha, marquis del Duero, président du sénat, qui a été chargé de former un cabinet; il s’est mis à l’œuvre immédiatement, il a réuni un certain nombre d’hommes considérables sans se départir de la politique du précédent ministère. Au dernier moment, cette combinaison, qui paraissait pourtant avoir un caractère sérieux, a échoué on ne sait trop pourquoi. Puis est venu le général Armero d’accord avec M. Mon; puis enfin la mission de reconstituer le pouvoir est passée au général Narvaez, qui lui aussi a essayé de former son ministère, et qui n’a pas été plus heureux. Et quand la série de toutes les combinaisons possibles a été épuisée, c’est le marquis de Miraflores qui a été appelé à la présidence du conseil, et qui a fait, lui, ce que nul autre n’avait réussi à faire. Il a formé un cabinet dont les membres principaux sont le général José de la Coucha, qui a été ambassadeur à Paris, un sénateur, M. Vaamonde, un député, M. Moreno Lopez.

Le difficile est de savoir si c’est un dénoûment et de saisir la signification de ce ministère. Le marquis de Miraflores est un homme d’un âge déjà fort respectable, d’un grand nom et d’une grande position sociale sans doute, ancien diplomate, ancien ministre; malheureusement il n’a peut-être pas tout ce qu’il faut pour apporter au pouvoir une pensée dirigeante. Si l’on cherche ce que peut vouloir le nouveau cabinet au point de vue de la direction extérieure et des affaires du Mexique, on trouve le marquis de Miraflores et le général Coucha, qui ont sévèrement jugé la politique suivie par le général Prim, dont un autre ministre, M. Moreno Lopez, a été au contraire le chaud défenseur. Au point de vue de la direction inté-