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qui n’a fait que s’accroître jusqu’à la fin de sa carrière dramatique. Nous reviendrons sur ce sujet charmant, et nous ne laisserons pas partir une artiste aussi éminente sans lui faire nos adieux.


P. SCUDO.



ESSAIS ET NOTICES.

LIVRES NOUVEAUX DU NORD.


Nous avons récemment essayé d’établir dans la Revue[1] à quel point précis en étaient arrivées les études archéologiques en Suède et en Danemark. Il n’est pas besoin de rappeler que les observations des savans du Nord sont d’une extrême importance, et que nos archéologues français ont un grand intérêt à pouvoir les suivre à mesure qu’elles se produisent[2]. M. Nilsson, d’après qui nous avons fait connaître le curieux monument de Kivik, vient de publier tout récemment la seconde partie de son grand ouvrage[3]. Il y continue le développement de sa thèse : les tribus du Nord, n’ayant encore que des instrumens et des armes de pierre, auraient reçu à une époque difficile à déterminer, mais en tous cas fort ancienne, une civilisation beaucoup plus avancée par l’arrivée des Phéniciens, qui leur apportaient en même temps l’usage du bronze et le culte de Baal. Après avoir recueilli des observations qui feraient remonter, selon lui, les premières relations commerciales des Phéniciens avec le Nord aux temps homériques, M. Nilsson arrive à un épisode intéressant de son sujet, au fameux voyage de Pythéas dans l’île de Thulé, et, bien que les Allemands aient accumulé sur cette énigmatique histoire les dissertations savantes, il trouve moyen, après Movers, W. Bessell, Redslob et tant d’autres, d’obtenir des résultats entièrement nouveaux. Il doit cet avantage particulièrement à sa profonde connaissance de la nature septentrionale ainsi qu’à l’heureuse et féconde alliance, par lui réalisée, des sciences physiques avec l’archéologie ; ajoutons l’expérience de toute une vie consacrée à ces nobles études.

On sait que Pythéas, né à Marseille, entreprit son voyage dans le Nord vers l’an 350 avant Jésus-Christ. On sait aussi que nous n’avons sur cet important épisode d’autres témoignages que quelques fragmens du récit de

  1. Du 1er  novembre 1862.
  2. Il suffit de connaître les attachans travaux de M. Henri Martin sur les monumens celtiques en Irlande pour comprendre à combien d’interprétations diverses tant de nouvelles remarques peuvent donner lieu, et jusqu’où elles peuvent intéresser nos propres origines.
  3. Les Habitans primitifs du Nord Scandinave ; Stockholm, in-4o, en suédois.