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conséquences à en tirer, le plus ou moins de consommation moyenne d’une part, et de l’autre l’importation et l’exportation des denrées alimentaires; mais, à prendre les choses dans leur ensemble, ces deux élémens se compensent à peu près, et le nombre des habitans que nourrit un pays peut être considéré comme une mesure assez exacte de son développement agricole. À ce compte, la France, qui passe après la Belgique, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne, pour la densité de sa population, doit occuper le même rang pour l’état de son agriculture.

Les tableaux présentés par M. Block viennent à l’appui de cette opinion. Il en est un surtout qui résume en quelque sorte tous les autres. On regarde généralement la multiplication du bétail comme un des signes les plus sûrs du développement agricole; or voici quelle est la répartition du bétail parmi les principaux états de l’Europe, en comptant partout 1 bœuf, 1 cheval, 10 moutons ou 4 porcs pour une tête de gros bétail :


Royaume-uni 99 têtes par 100 hectares.
Belgique 58 —
Pays-Bas 52 —
Allemagne 44 —
Prusse 40 —
France 38 —

Encore un coup, ces chiffres ne peuvent pas être d’une exactitude mathématique : ils se compliquent d’un élément dont il est difficile de tenir compte, la qualité et la valeur des bestiaux; mais, tels qu’ils sont, ils n’ont rien que de très vraisemblable. La population animale n’est pas exactement proportionnelle à la population humaine, mais peu s’en faut. Quand on essaie de calculer, d’après la progression connue jusqu’ici, ce qu’il faudra de temps pour que la France arrive, pour la production du bétail, où en est aujourd’hui l’Angleterre, on trouve plus d’un siècle; on sait en effet que le nombre de nos bestiaux a tout au plus doublé depuis 1789. Ainsi s’explique la lenteur particulière du développement de notre population, car ce sont les animaux qui nourrissent les hommes.

Pour l’industrie, M. Block ne donne qu’un petit nombre de chiffres se rapportant à trois produits principaux, la houille, le fer et les tissus. Il établit ainsi l’extraction annuelle de la houille :


Royaume-uni 600,000 quintaux métriques.
Prusse 130,000 —
Belgique 90,000 —
France 70,000 —
Autriche 31,000 —

Quand on songe que la houille est devenue de nos jours l’aliment générateur de toutes les industries, ce que les Anglais appellent la puissance par excellence (power), on ne saurait trop déplorer le rang vraiment misérable que ce tableau assigne à la France ; passer après la Belgique, qui