Un infatigable statisticien, qui nous avait donné l’année dernière une Statistique générale de la France en deux volumes pleins de faits et de chiffres, M. Maurice Block, vient de publier en allemand et en français un Tableau de la puissance comparée des divers états de l’Europe, accompagné de treize cartes coloriées. Ces sortes de livres conviennent en général beaucoup plus à nos voisins d’outre-Rhin qu’à nous. Nous aimons peu la statistique, parce qu’elle parle peu à l’imagination, et nous avons toujours préféré les romans aux faits, ce qui amuse à ce qui instruit. Il y a cependant dans ce mot de puissance comparée un certain attrait pour notre amour-propre national; tous les peuples aiment la puissance, mais les Français la recherchent plus qu’aucun autre : ils ont fait, pour être puissans, de si grands sacrifices de bonheur, de richesse et de liberté, qu’il ne doit pas leur être indifférent de savoir s’ils ont atteint leur but.
M. Block commence par traiter de l’étendue territoriale; voici la surface qu’il assigne à chacune des grandes puissances :
Russie | 545 millions d’hectares. |
Autriche | 64 — |
France | 54 — |
Espagne | 50 — |
Royaume-uni | 31 — |
Prusse | 28 — |
Allemagne | 23 — |
Italie (sans Rome et Venise) | 23 — |
La France n’occupe que le troisième rang: mais l’étendue territoriale n’est qu’un des élémens de la puissance. Il y a territoire et territoire, et