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Les dépenses d’établissement d’une ligne sous-marine ne peuvent s’évaluer exactement qu’en ce qui concerne la fabrication proprement dite. En supposant que les matières premières soient de qualité parfaite, le prix peut s’élever à 1,000 francs par kilomètre de câble, soit 630 francs pour la gutta-percha, 70 pour le cuivre et 300 par moitiés égales pour le chanvre et les fils d’acier de l’enveloppe protectrice. On peut sans exagération ajouter 500 francs par kilomètre pour les frais de fabrication et les bénéfices du fabricant. Le chargement à bord et le nolis du navire ne sont pas en proportion des dépenses très considérables, quand la ligne est longue. L’exploration préalable du tracé est faite aux frais des gouvernemens intéressés. En somme, on peut admettre, en nombre rond, que tout kilomètre de câble filé à la mer représente une valeur de 1,000 francs; mais il faut observer que la longueur doit être calculée en augmentant d’un cinquième la distance réelle des points d’atterrissement, et qu’en outre les atterrissemens exigent quelques kilomètres d’un câble beaucoup plus fort, par conséquent plus coûteux. Nous ne nous éloignerons pas beaucoup de la vérité en portant à 2,000 francs, en raison de ces faits, le prix total par kilomètre de distance d’une ligne télégraphique sous-marine.

Prenons pour type de nos évaluations une ligne de 1,000 kilomètres de longueur. On sait déjà qu’une communication télégraphique ne peut être assurée à moins d’un double câble ; c’est donc un capital de à millions qu’il faut réaliser, et la moitié au moins de ce capital sera dépensée pour l’immersion du premier conducteur avant la mise en exploitation. Outre ce capital, qui doit être immédiatement disponible et qui sera certainement absorbé, une compagnie télégraphique devrait avoir une réserve destinée à couvrir les risques de rupture pendant l’immersion et à remplacer les conducteurs hors de service. Il serait téméraire de fixer avec exactitude l’importance que doit avoir cette réserve, tant sont variables les chances d’immersion et de conservation; cependant elle ne pourra être moindre que la dépense d’établissement d’un câble entier, et, si les profondeurs sont très grandes (de 3,000 à 4,000 mètres), elle devra être au moins double.

En résumé, pour entreprendre une communication sous-marine entre deux points distans de 1,000 kilomètres et par une profondeur telle que celle de la Méditerranée, la prudence exige un capital disponible de li millions, et une réserve double, qui ne serait appelée qu’en cas d’insuccès ou d’accident imprévu.

Veut-on savoir maintenant quels seront les produits? Les opérations ont réussi à souhait, le capital primitif a seul été dépensé (jusqu’à ce jour il est rare qu’il en ait été ainsi; mais avec beau-