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dangers, exposés aux mêmes perturbations. L’Algérie par exemple pourrait être reliée à la France par deux côtés, directement de Port-Vendres à Alger, et indirectement par Toulon, Ajaccio et Bone. Un tel circuit, composé de trois câbles, assurerait toujours, à moins d’un double accident, la communication entre les points qu’il dessert, et doublerait la valeur des conducteurs immergés.

Telles sont les questions techniques que soulève la télégraphie océanique, et nous n’avons pas craint d’entrer à ce propos dans quelques détails qui indiquent nettement l’état actuel de l’industrie des câbles sous-marins, et peuvent guider les inventeurs vers les perfectionnemens désirables. Les principes de cette science se résument d’ailleurs en peu de mots : — la fabrication est parfaite au point de vue électrique; — la vitesse de transmission est fatalement très restreinte quand la longueur dépasse 1,000 kilomètres; — l’immersion est encore aléatoire sans doute, mais le succès dépend beaucoup des soins apportés à la fabrication et de la perspicacité du marin; — enfin, si la conservation d’un conducteur échappe à toute prévision, les soins d’un bon électricien peuvent en assurer l’existence pendant longtemps. Néanmoins l’établissement d’une ligne de télégraphie sous-marine n’est pas seulement une affaire de science, c’est aussi une opération financière. Il nous reste donc à étudier le côté pécuniaire d’une telle entreprise.


III.

Jusqu’à ce jour, les petites lignes télégraphiques sous-marines ont seules donné lieu à une exploitation productive. Ainsi, en Angleterre, la compagnie du télégraphe sous-marin entre la Grande-Bretagne et le continent, fondée en 1851, a chaque année, depuis cette époque, distribué à ses actionnaires des dividendes de 6 à 8 pour 100. Cependant plusieurs de ses câbles ont été rompus, et il a fallu les rétablir. Quant aux grandes lignes, elles ont été l’œuvre des gouvernemens, qui trouvent dans la rapidité des communications un intérêt politique inappréciable et bien supérieur à tout intérêt pécuniaire, ou bien elles ont été entreprises par des compagnies qui presque toutes y ont englouti leur capital, en compromettant aux yeux du public l’avenir de la télégraphie océanique. Nous espérons avoir montré, en racontant leur histoire, que ces insuccès tenaient à une seule et unique cause, l’ignorance des principes de la science, et que les fautes commises au début nous permettent aujourd’hui de marcher d’un pas plus sûr dans la voie qui nous a été ouverte.