Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/727

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la régularité des profondeurs prévient les anomalies dangereuses qui se produisent dans l’émission.

Les extrémités de la ligne étant fixées par le but même de l’entreprise, le tracé intermédiaire peut être dominé par des considérations étrangères à la science. C’est ainsi que, de France en Algérie, on n’a pas fait de coupure aux îles Baléares, qui partagent cependant avec une parfaite exactitude la distance à franchir; c’est par un motif de même nature que le gouvernement anglais avait projeté de relier directement Gibraltar à l’Angleterre au lieu de rattacher cette forteresse au réseau espagnol voisin. L’ingénieur n’a pas à discuter ces exigences politiques, qui lui laissent encore une grande latitude. Il explore par une ou plusieurs lignes de sondage la route qui lui est assignée. Il est bon de connaître non-seulement les profondeurs du tracé que l’on doit suivre, mais aussi celles qui se trouvent dans le voisinage, tant à droite qu’à gauche, car le bâtiment poseur peut être dévoyé par une cause quelconque, et d’ailleurs sa marche ne peut jamais coïncider exactement avec celle du bâtiment qui a fait la reconnaissance. Dans les régions où le sol de la mer est très accidenté, où la surface est soumise à des courans rapides, où la profondeur est très considérable, plusieurs tracés sont successivement étudiés, et l’ingénieur ne fait son choix qu’après des études préliminaires assez étendues.

La longueur est sans aucun doute un élément qui a sa gravité; cependant elle peut être subordonnée aux autres conditions tant qu’elle ne dépasse pas 500 ou 600 kilomètres, car c’est alors seulement que le retard des courans devient gênant pour la transmission des dépêches. On sait du reste qu’une ligne sinueuse, faiblement inclinée sur la ligne droite, n’ajoute qu’une longueur insignifiante à l’espace parcouru. Il faut attacher plus d’importance à la profondeur; trop considérable, elle expose à des chances de rupture, elle entrave, empêche même tout à fait les réparations; trop faible, elle ne protège pas suffisamment contre les accidens volontaires ou involontaires causés par les ancres des navires. La hauteur d’eau la plus convenable paraît être de 200 mètres; mais il n’est guère d’océan sur la surface du globe où l’on puisse tracer à une grande distance des côtes l’horizontale de 200 mètres. On s’attachera surtout à éviter les profondeurs excessives, les variations brusques de niveau et les bas-fonds où le conducteur n’est pas suffisamment protégé.

Les atterrissemens méritent une attention spéciale : éviter les rochers aigus qui couperaient l’armature métallique, les fonds de vase qui exerceraient une action chimique, les côtes où la mer déferle avec fureur, se tenir à distance des mouillages par crainte des