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traire, que les câbles à armature résistaient mieux que tous autres au poids de la partie immergée. On ne peut développer ici les considérations mécaniques qui justifient cette disposition; il suffira de dire que l’enveloppe doit, pour une même tension, éprouver un allongement moindre que l’âme. Si les fils extérieurs sont en chanvre, matière plus extensible que le cuivre, le poids porte principalement sur le fil conducteur ; si les fils extérieurs sont en fer, ce sont ces fils qui supportent presque tout le poids; s’ils sont en acier (l’acier s’allonge encore moins que le fer), l’effort supporté par le fil de cuivre est encore moindre. L’acier est donc préférable au fer et s’emploie aujourd’hui pour les câbles qui doivent descendre à 2,000 ou 3,000 mètres de profondeur.

Un fil de fer suspendu dans l’eau, quelque petit qu’il soit, se brise, par son propre poids, sous une longueur d’environ 5,000 mètres; une tige de fer de gros diamètre se brise sous une même longueur, la résistance étant proportionnelle à la section, et par conséquent au poids. Mais un câble ne se compose pas seulement de fer, il contient du chanvre, qui a presque la même densité que l’eau, et de la gutta-percha, qui est plus légère; aussi peut-on fabriquer aisément un câble qui supporterait dans l’eau une hauteur de 18 à 20,000 mètres sans se rompre. Réduisons cette hauteur de moitié pour rester dans les limites de la sécurité, nous aurons 10,000 mètres; réduisons encore d’un quart pour tenir compte de l’accroissement de tension dû à la forme, une espèce de chaînette, qu’affecte le fil pendant sa descente, et nous verrons que les câbles fabriqués actuellement peuvent être immergés à 7,000 ou 8,000 mètres de profondeur sans courir de dangers sérieux de rupture. Cette profondeur étant supérieure à la profondeur moyenne des mers de notre planète, nous pouvons encore dire que, sous ce rapport, la télégraphie sous-marine n’a plus de progrès à réaliser. L’immersion n’est plus un problème ni une entreprise extravagante, pourvu que l’ingénieur puisse disposer de quelques jours de beau temps.

Tandis que se poursuit la fabrication du câble, c’est le moment pour l’ingénieur d’étudier avec détails le tracé de la ligne d’immersion. La route à suivre, indépendamment des raisons politiques, commerciales ou administratives qui peuvent intervenir, doit être déterminée par la distance la plus courte et les profondeurs les plus faibles et les plus régulières. La plus courte distance demande une longueur moindre de fil et par conséquent est moins dispendieuse; elle n’exige pas une aussi longue série de beaux jours pour l’opération, toujours délicate, de la pose; enfin elle favorise la rapidité de transmission des dépêches. Par les profondeurs plus faibles, l’effort que supporte le câble pendant l’immersion est moins considérable.