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nu ou simplement recouvert d’un vernis. Les partisans de l’emploi de cette substance prétendent, il est vrai, que ce phénomène se produit seulement avec la gomme mastiquée, et que la gomme vierge du Para est inaltérable; ils ajoutent que l’altération est locale et ne se produit qu’aux extrémités, quand le cuivre et la substance isolante sont tous deux exposés à l’air. Quelques fabricans ont même voulu voir dans ce défaut une qualité; ils disent que, par leur action réciproque, le cuivre et le caoutchouc s’unissent intimement au profit de la solidité et de l’isolement du câble. Cependant il paraît prudent de n’employer le caoutchouc qu’en couches alternatives avec la gutta-percha, cette dernière étant placée en contact même avec le cuivre. On a beaucoup vanté cette combinaison, qui réunirait, dit-on, l’élasticité de l’une des substances avec la solidité et l’inaltérabilité de l’autre.

L’esprit d’entreprise qui a présidé en Angleterre au développement de la télégraphie sous-marine a donné naissance à diverses compositions de caoutchouc et de gutta-percha qui, suivant les inventeurs, réuniraient les avantages des deux matières premières et souvent les dépasseraient. Ces promesses ont rarement été réalisées. Cependant il faut noter une mixture composée par M. Chatterton, ingénieur de la Gutta-Percha Company c’est un mélange de gutta-percha avec du goudron de bois et de la résine en proportion convenable pour donner à la matière une certaine fluidité. Les électriciens s’accordent à reconnaître les bons effets de la composition Chatterton. Son mode d’action paraît être de pénétrer les pores de la gutta-percha et de la rendre encore plus imperméable à l’eau. La plupart des câbles fabriqués dans ces dernières années sont isolés avec huit couches alternatives de gutta-percha et de cette composition.

Quoique la gutta-percha conduise si peu l’électricité qu’elle ait été regardée pendant longtemps comme un isolateur parfait, il n’en est pas moins vrai que sur les câbles sous-marins de grande étendue il y a une déperdition de fluide très sensible. Dans le câble transatlantique de 1857, la perte était de 82 pour 100; elle pourrait aisément aujourd’hui être réduite à 10 ou 15 pour 100. Sur les longueurs moindres, la perte est bien plus faible; ainsi elle n’atteint pas 0,5 pour 100 dans le câble de Toulon à Ajaccio. Ces chiffres prouvent quels perfectionnemens ont été opérés dans les procédés d’isolement. Il est même permis de dire que cette partie de la télégraphie sous-marine ne réclame plus aucune amélioration.

L’isolement du fil conducteur n’est pas le seul sujet d’étude de l’électricien ; il doit encore se préoccuper de la vitesse de transmission des dépêches. En effet, l’électricité ne se propage pas à travers