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lieu en Grèce. Nous croyons pleinement à cette assurance du discours impérial. Les événemens de Grèce nous ont pourtant déjà donné plus d’une alerte. Pour satisfaire les Grecs et le prince Ferdinand de Cobourg, qui n’a pas refusé de se porter candidat au trône d’une façon aussi absolue qu’on l’a cru généralement, il faudrait, dit-on, qu’il fût ajouté à la Grèce non-seulement les Iles-Ioniennes, mais Candie, la Thessalie et une partie de l’Epire, On aurait alors un royaume de plus de deux millions d’âmes qui aurait de l’air pour respirer, de l’espace pour se mouvoir. On assure que, sans un tel agrandissement de la Grèce, la république des sept îles aura elle-même peu de goût à quitter le protectorat anglais pour s’unir à l’Hellénie actuelle. Les Anglais, qui dès 1849 avaient laissé voir aux meneurs grecs l’annexion des Iles-Ioniennes en récompense d’une révolution, ne seraient peut-être pas éloignés de la pensée d’un agrandissement de la Grèce au moyen d’un petit démembrement de la Turquie. Il est douteux que leur crédit à Constantinople puisse aller jusqu’à obtenir une telle concession. On l’a bien vu à la crise ministérielle qui vient d’avoir lieu. Fuad-Pacha aurait cessé d’être grand-vizir parce qu’il était suspect au vieux parti turc de trop de complaisance envers l’Angleterre. La disgrâce de Fuad-Pacha, s’il sortait tout à fait du ministère, serait d’autant plus regrettable qu’il avait déjà fait beaucoup pour organiser les finances ottomanes, et qu’il serait interrompu au milieu d’un travail qui promettait d’heureux résultats ; mais le sultan a craint de faire seul les frais de la révolution grecque et de l’élection déclinée du prince Alfred. La révolution grecque avait diverti tous les gens d’esprit de l’Europe. Seul le sultan a gardé le sourcil froncé. « Marchand qui perd ne sait rire, » comme dit George Dandin. e. forcade.



la question du mexique dans le parlement espagnol

Un peu de jour viendra-t-il enfin éclairer cette affaire du Mexique, qui, après avoir été commencée par trois puissances, a fini par retomber de tout son poids sur la France seule ? Elle n’a point eu de bonheur jusqu’ici, cette expédition, qui nous a coûté déjà près de cent millions, qui a successivement attiré plus de trente mille hommes, et dont le dénoûment indistinct flotte encore dans les vapeurs de l’Océan. Ce n’est point assurément que comme action militaire elle puisse laisser un doute sur l’issue définitive qu’elle aura ; libres de reprendre leur élan, nos soldats iront au but qu’on leur assignera. Ils iront à Mexico et jusqu’à la Mer-Vermeille si l’on veut, et le cœur de la France les suivra dans cette carrière nouvelle. Politiquement toutefois cette expédition lancée à la découverte d’un gouvernement au milieu de l’anarchie mexicaine ne reste pas moins pleine d’obscurité, de réticences et d’incertitude dans son origine, dans sa marche comme dans ses fins dernières. Elle a malheureusement trop justifié tout d’abord les pressentimens de ceux qui la voyaient avec inquiétude s’engager dans des conditions si peu définies. Elle avait à peine commencé, que déjà il ne res-