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travail et réaliser des bénéfices. Ces exploitations se continuent aujourd’hui, mais elles marchent en général assez péniblement. Elles ont en effet à lutter contre deux difficultés croissantes : la diminution des produits et l’augmentation des dépenses à mesure que les mines deviennent plus profondes. Cet état de choses pourra se prolonger, s’améliorer même par suite de rabaissement probable du prix de la main-d’œuvre ou par toute autre cause ; la production pourra ainsi se maintenir, mais on n’a point ici cette perspective qu’ouvre l’extraction de l’or, l’immense étendue des terrains diluviens. L’exploitation des mines de quartz se débat entre ces deux termes, qui les resserrent sans cesse, la pauvreté de la roche et les frais de son traitement, de telle sorte que la production, comprise elle-même entre ces limites, ne pourra jamais avoir qu’une importance toute secondaire.

Quelques roches du sol de Californie autres que celles des filons de quartz, les seules exploitées aujourd’hui, contiennent encore de l’or. J’ai constaté que dans certaines régions du comté de Mariposa il existe des montagnes de schistes dont la masse entière est pénétrée d’or. Ces gisemens sont encore inconnus, et par suite vierges encore. Nul ne peut en préciser l’importance.

On voit assez à quelle conclusion de pareils faits nous conduisent : c’est que la Californie ne cessera jamais de produire de très grandes quantités d’or, que le chiffre de l’extraction actuelle, qui est de 230 à 250 millions par an, est appelé à grandir encore, et qu’en tout cas rien n’annonce qu’il doive diminuer de longtemps. L’afflux annuel sur le marché monétaire d’une pareille quantité d’or extraite à un taux bien inférieur à la valeur marchande constitue un phénomène bien digne de l’attention des économistes, surtout si l’on tient compte de l’influence que peuvent exercer les perfectionnemens de la métallurgie et les nouvelles méthodes d’exploitation sur le rendement du précieux métal dans le monde entier. Qu’on veuille bien encore rapprocher quelques chiffres. Il est à peu près constant aujourd’hui que tout le long de la chaîne de l’Oural, depuis Ekaterinenburg jusqu’à la Mer-Glaciale, et sur tout le cours de la grande arête montagneuse qui sépare la Sibérie méridionale de l’empire chinois, depuis les hauts plateaux des Kirghiz jusqu’aux sources du fleuve Amour, qui se jette dans le Pacifique, sur toute cette étendue, longue de plus de 4,500 kilomètres, il existe des terrains diluviens aurifères. Cet immense champ d’exploitation a été attaqué en un grand nombre de lieux, l’or a été partout rencontré ; mais la production n’est encore devenue un peu importante que dans les monts Altaï. Les rapports d’un illustre géologue anglais, sir R. Murchison, établissent que, dans cette région, les alluvions aurifères rendent en moyenne 5 millionièmes de leur poids en or, soit 5 grammes de