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écoles, au moins indifférente, et il en est de même des bénéficiers ecclésiastiques qui ne sont pas astreints à la résidence. Sur ce point, la plainte est des plus vives. Beaucoup de biens qui autrefois appartenaient aux évêques, aux doyens ou aux chapitres, et restaient ainsi par destination dans le domaine des pauvres, ont échappé et chaque jour échappent, par des délégations et des investitures lointaines, à leur part de contribution libre dans les œuvres d’assistance et d’éducation.

Cette tiédeur des hautes classes aurait pu mettre les écoles en péril, si le clergé n’y eût suppléé par des prodiges de zèle. Ses sollicitations multipliées ont maintenu les ressources à la hauteur des besoins, et quand l’argent d’autrui n’a pas suffi, les vicaires ont comblé le vide avec le leur ; il en est qui ont pris sur leur modeste traitement plus que des lords sur leur fortune. Aussi l’enseignement est-il pour eux comme une arche sainte, et dès qu’on y touche, ils sont en émoi. En général ils tiennent les nouveautés pour suspectes ; les empiétemens du conseil privé n’ont pas eu d’adversaires plus résolus. D’où vient cela ? Le conseil privé n’est autre chose que l’état accourant, les mains pleines, au secours du clergé, qui succombe sous le fardeau ; c’est un grand aumônier qui donne en bloc au moins l’équivalent d’une infinité de petites sommes péniblement recueillies, en assure le retour régulier et permet d’établir un meilleur service. Comment se refuser à un pareil soulagement ? Par quel scrupule se sentirait-on retenu ? Les cas de conscience ? Ils ont été réservés ; le conseil privé est, pour employer le mot anglais, dénominationaliste ; son plan, son système d’éducation ont été conçus de manière à ne pas blesser la croyance dominante. Ce que craint le clergé, c’est moins ce qui est que ce qui peut survenir ; dans l’institution actuelle, il découvre en germe les écoles mixtes ou séculières, l’inspectorat laïque et toute une organisation qui, sans exclure les pasteurs, ne leur laisserait qu’une moindre puissance. Cette pensée est intolérable au clergé ; il n’entend pas se dessaisir, dût-il être assujetti à plus de peine » Son mot d’ordre est que les congrégations sont pour les écoles de meilleurs maîtres que l’état. Ainsi s’expliquent l’opposition acharnée que rencontre dans ses actes le conseil privé, les embarras qu’on lui suscite et les griefs qu’on lui impute.


II

Disons sur-le-champ que les principaux de ces griefs proviennent du fait de ceux qui s’en plaignent. L’introduction de l’état dans l’enseignement n’a pu se produire qu’au milieu de chicanes sans nombre.