Elle aura pu prendre sur la gauche, dans les vignes ?
Non, il y a là des arbres abattus qui empêchent de passer.
Mais… le long du ruisseau ?
Les bœufs, en allant boire, ont piétiné tout le rivage, il n’y a plus trace de sentier.
Il faut donc l’attendre ici ? Je l’attendrai. Ne portes-tu pas cette gerbe à la maison ?
La nuit descend. N’auras-tu pas quelque frayeur de rester seule ?
Si j’ai peur, j’invoquerai cette déesse.
Mais… si elle est déjà partie ?
Tu disais qu’elle ne pouvait sortir que par cette porte ?
Myrto !… laisse-moi rester près de toi…
Tu aimes donc la société de l’ennemi ? Ignores-tu que je te hais ?
Tiens, frappe-moi si c’est ton plaisir ; mais ne me dis pas de te quitter.
Bactis, mon cher Bactis !… Mais, non ! je suis menteuse, je suis cruelle ! j’aime à faire souffrir, j’ai la perfidie de Circé et la flatterie des sirènes. Fuis-moi, Bactis, je suis la plus funeste des créatures !
Myrto !… rêve de mes nuits, aiguillon de ma douleur, pardonne !
Tu m’aimais donc, ô le plus fourbe des étrangers !
Et tu ne le voyais pas !
Lequel de nous était le plus aveugle ?
Chère Myrto !…
Hélas ! le sort nous sépare. Quelle secourable déesse allons-nous invoquer ?
Aime-moi beaucoup pour attendrir les dieux !