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CARION.

Vous vous appelez imbécile ?

PLUTUS.

Non, c’est toi.

CARION.

Merci ! Et vous ?

PLUTUS.

Plutus.

CHRÉMYLE, à Carion.

Ah ! tu vois bien ! (A Plutus, criant.} Et c’est le divin Apollon qui vous a enseigné le chemin de ma demeure ? Répondez, je vous prie !

PLUTUS, se bouchant les oreilles.

Vous m’ennuyez.

CARION.

Il a le réveil maussade.

PLUTUS.

Où est Mercure ? Appelez Mercure pour qu’il me remmène.

CHRÉMYLE, effrayé.

Vous voulez nous quitter ?

PLUTUS.

Tout de suite.

CHRÉMYLE.

Vous ne vous plaisez pas ici ?

PLUTUS.

Où suis-je ? à la campagne ? Je n’aime pas la campagne. Je veux m’en aller ! (criant.) Mercure !…

CHRÉMYLE.

Mais n’êtes-vous pas ici par l’ordre de Jupiter ?

PLUTUS.

Je me moque bien de Jupiter !

CHRÉMYLE.

Mais Apollon…

PLUTUS.

Votre Apollon radote !

CHRÉMYLE.

Vous blasphémez ?

PLUTUS.

Cela ne vous regarde pas.

CHRÉMYLE.

Fi ! voilà un dieu impie et bien mal appris !

CARION.

C’est le dieu Trésor, je le reconnais à cette heure !

CHRÉMYLE.

À quoi le reconnais-tu ?

CARION.

À sa stupidité. Qu’y a-t-il, je vous le demande, de plus lourd, de plus sourd, de plus grossier, de plus ingrat, de plus insensible que l’or et l’argent ?