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intérieure de quelques-unes de nos provinces qu’on ne serait pas venu y chercher, sauf information spéciale. Pour ne prendre que le Dauphiné, il a été dans le ressort du ministère de la guerre de juin 1709 à 1716, puis de 1726 à 1789, et c’est au dépôt de la guerre par conséquent qu’il faut demander à ces dates les papiers qui le concernent. Eût-on en main l’état exact, qui n’existe pas malheureusement, des papiers d’administration de l’ancienne France, avec l’indication précise des différens dépôts où ils sont dispersés, il faudrait encore, pour suivre l’histoire d’une même province dans les trois derniers siècles, s’adresser successivement, avec grande perte de temps et d’efforts, aux archives de la guerre, de la marine, des affaires étrangères, à la Bibliothèque impériale, et revenir plusieurs fois sur ses pas. Non-seulement un dépôt en particulier retient d’autres documens que ceux qui lui devraient appartenir, mais il n’a pas conséquemment tous ceux qui lui reviendraient à bon droit. Les papiers de la guerre sont, pour le ministère de Le Tellier, à la Bibliothèque impériale ; ceux de la marine sous Colbert sont partagés entre les archives de la marine et la Bibliothèque, et, si l’on veut rechercher les documens officiels concernant les origines administratives de l’Imprimerie nationale et du Jardin des Plantes, c’est au dépôt de la guerre qu’ils se trouvent, Sublet de Noyers ayant été ministre de la guerre et surintendant des bâtimens à la fois. S’attache-t-on à un ministre en particulier, à Colbert par exemple, on trouve les papiers qu’il avait réunis, correspondance active, correspondance passive, documens administratifs de tous genres, non point divisés par ensembles à peu près homogènes, mais dispersés comme au hasard entre la Bibliothèque impériale, qui en possède la meilleure partie, les Archives de l’empire, celles de la marine, et peut-être d’autres dépôts encore.

On a essayé plusieurs fois de mettre un terme à cette confusion nuisible sans aucun doute au travail ; mais il y a danger de l’augmenter en voulant la faire disparaître, si on n’y apporte pas une main très prudente et très expérimentée. C’était donc une œuvre fort délicate que celle qui était confiée récemment par les ministres d’état et de l’instruction publique à la commission dont nous avons aujourd’hui les conclusions et le rapport. Il s’agissait de définir le plus exactement possible quelles sortes de documens manuscrits devaient appartenir aux Archives de l’empire d’une part, de l’autre à la Bibliothèque impériale, puisque c’étaient là les deux premiers dépôts subsistant aujourd’hui indépendamment des archives spéciales de chaque grande administration ; mais, pour donner une telle définition, il était indispensable de se rendre compte des mille circonstances qui avaient concouru à former ces immenses réunions de documens administratifs et historiques. C’était toute une histoire à écrire depuis les commencemens de notre ancienne monarchie, tout au moins depuis l’origine du trésor des chartes au XIIe siècle, jusqu’à nos jours. Il y fallait une érudition à la fois ardente et sobre, maîtresse d’elle-même, perlant la lumière avec elle, capable de reconnaître avec une rare perspicacité les petits cours