Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

système des cultures par le gouvernement. Ils voient là une résolution funeste aux intérêts de l’état et des colonies. Le ministre soutenait que le règlement légal de l’industrie privée à Java n’impliquait point l’abandon de l’ancien ordre de choses, et que les cultures du gouvernement seraient maintenues. On voit qu’il n’a pu convaincre ses adversaires. Déjà le budget des colonies avait été peu favorablement accueilli par la seconde chambre, où il n’avait été adopté qu’à une très faible majorité. Devant cet échec, la démission de M. Uhlenbeck est certaine ; mais entraînera-t-elle la chute du ministère Thorbecke ? On l’ignore jusqu’à présent. e. forcade.



REVUE MUSICALE.

De notables changemens se sont opérés depuis peu dans la direction des théâtres lyriques. L’Opéra n’est plus sous la main de M. Alphonse Royer, qui l’administrait depuis plusieurs années. C’est M. Emile Perrin qui a été nommé à la place de M. Alphonse Royer, et le théâtre de l’Opéra-Comique a reçu pour nouveau directeur M. de Leuven, écrivain dramatique assez connu. Si M. Carvalho est resté à la tête du Théâtre-Lyrique, où il est rentré depuis quelques mois, on assure que ce n’est pas de sa faute : il aspirait, dit-on, à l’honneur de diriger l’Opéra-Comique, entreprise moins chanceuse que celle qui l’occupe ; mais les destins en ont décidé autrement. Ce qu’on peut souhaiter à M. Carvalho, qui est un homme actif et de bonne volonté, c’est que la ville de Paris lui fasse la remise du loyer de la nouvelle salle qu’il occupe place du Châtelet, ou que l’état lui accorde une subvention suffisante. Ce qui vaudrait mieux cependant que tous ces palliatifs, c’est la liberté et le droit qu’on laisserait à chacun de se ruiner comme il l’entend. Hors de cette grande mesure de la liberté des théâtres, qu’on sera obligé de prendre tôt ou tard, on ne remédiera pas au mal qui existe et que tout le monde reconnaît : l’impossibilité où sont les jeunes compositeurs français de trouver une scène où ils puissent essayer leurs forces et constater leur vocation.

Que va faire maintenant le nouvel administrateur de l’Opéra ? A-t-il un plan de régénération pour ce théâtre, où depuis quinze ans bientôt il ne s’est pas produit un ouvrage original ? Par quels moyens cherchera-t-il à varier un répertoire usé, qui se compose de cinq ou six opéras que le public sait par cœur, et qu’on exécute chaque année de plus en plus mal ? Il est certain que l’état actuel de ce grand établissement lyrique est déplorable, et qu’il faut absolument lui imprimer une vie nouvelle. Le personnel d’abord n’y est pas suffisant, et les artistes qui le composent ne sont pas toujours employés avec l’intelligence qu’exige une bonne exécution. Il y a des jours