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Il est bien vrai cependant qu’il avait été parfois question de ce duché dans les cinq documens que nous venons de citer. Le lecteur doit nous permettre d’insister un peu à ce sujet, car ces actes, quoique déjà anciens, sont devenus les fondemens, et les seuls, sur lesquels on prétend, depuis quelques années, édifier le droit d’une intervention des puissances étrangères dans les affaires intérieures de la monarchie danoise.

Dans le premier document, qui est un « plan d’organisation, » on lit ces paroles : « Le duché de Slesvig aura une diète spéciale avec voix délibérative… Les deux nationalités danoise et allemande seront placées dans ce duché sur un pied de parfaite égalité. » Dans la seconde annexe à la dépêche du 6 décembre, il est dit : «… Le roi de Danemark a déjà promis et déclare de nouveau que le duché de Slesvig ne sera pas incorporé dans le royaume et qu’aucune mesure ne sera tentée dans cette intention. » Mais, s’il est parlé ainsi du Slesvig dans ces deux premiers actes, ce n’est pour ainsi dire que par occasion ou par parenthèse ; il y est d’ailleurs principalement question du Holstein et du Lauenbourg, ainsi que de leurs relations avec le reste de la monarchie. De plus, dans cette même dépêche du 6 décembre 1851, le ministre des affaires étrangères revient jusqu’à deux fois sur cette condition sine qua non de toute négociation définitive, que « la confédération n’a aucune sorte de droit à réclamer une influence quelconque dans les affaires du Slesvig, » que « la diète fédérale devra s’abstenir de toute prétention à une autorité quelconque sur ou concernant le duché de Slesvig, possession de la couronne danoise. » Et la dépêche autrichienne du 26 décembre de la même année paraît bien l’entendre ainsi, car, insistant sur le désir exprimé par les puissances allemandes que là future constitution de la monarchie danoise ne fût pas adaptée à la constitution danoise de 1849, à leur gré beaucoup trop libérale, elle assure que d’ailleurs, aux yeux des grandes puissances, les droits souverains du roi restent sacrés, et que, suivant l’intime conviction de l’empereur d’Autriche et du roi de Prusse (alors mandataires, comme on sait, de la diète fédérale), ces droits ne souffriraient aucune atteinte d’une déclaration ou d’une assurance formelle sur les principaux points encore litigieux. Le quatrième document, ou la proclamation du roi de Danemark à ses propres sujets, promet de nouveau au Slesvig toute sécurité quant aux droits égaux des deux nationalités danoise et allemande, et la dernière pièce, ou la dépêche danoise du 29 janvier 1852, revient sur la non-incorporation du Slesvig dans le royaume.

Voilà, exposés le plus clairement possible, et pièces en main, les prétendus engagemens du roi de Danemark envers les puissances étrangères quant au Slesvig, engagemens sur l’entier accomplissement