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solutions aqueuses. On peut donc s’applaudir de la création de plusieurs sociétés qui se sont constituées dans ces derniers temps pour transformer ainsi en engrais les débris de la pêche des morues sur les bancs de Terre-Neuve et des sardines sur nos côtes de Bretagne. Les premiers essais ont donné d’heureux résultats. On peut en dire autant d’un engrais importé d’Angleterre et composé de ces résidus de poisson et de sang d’animaux abattus. Ce produit, fabriqué par MM. Steven et Co de Londres, a été expédié à deux de nos négocians du Havre et de Honfleur avec les plus favorables attestations des agriculteurs anglais. Néanmoins en pareille matière les certificats les plus explicites n’ont qu’une importance secondaire. Ce qu’il faut surtout, dans l’intérêt même du commerce loyal des engrais, c’est la garantie du vendeur et la remise à l’acheteur d’un échantillon double et cacheté pour servir à une vérification complète au moyen de l’analyse chimique. L’essentiel dans cette opération sera de constater les doses réelles des phosphates et des matières azotées, élémens principaux de fertilité pour le sol.

Les engrais que le commerce livre à l’agriculture nous conduisent naturellement à signaler une industrie nouvelle qui procure simultanément deux produits : un engrais propre à l’amendement du sol et des substances grasses transformables en savons ou en huiles épurées propres à l’éclairage. C’est l’industrie qui consiste à extraire, par un simple dissolvant chimique, des tourteaux de graines oléagineuses ou d’olives déjà une ou deux fois exprimées de dix à seize centièmes d’huile brute que toute force mécanique eût été absolument incapable d’en faire sortir. L’inventeur de ce procédé, M. Deiss, emploie comme dissolvant le sulfure de carbone, liquide blanc, diaphane, très volatil, dont la vapeur délétère et inflammable motive les précautions prises et les ingénieux appareils clos à filtration, évaporation et distillation continues employés en vue de prévenir tout danger d’incendie ou d’empoisonnement. Les tourteaux ainsi complètement épuisés des substances grasses inutiles comme engrais n’en sont que plus favorables à l’alimentation des plantes, car ils retiennent en proportions d’autant plus fortes les matières azotées et salines[1].

L’agriculture a grand intérêt à ce qu’on utilise sous forme d’engrais des résidus autrefois négligés, obtenus de produits riches en matière huileuse, tels que les marcs d’olive. On ne saurait trop encourager

  1. On remarquait à l’exposition de Londres, dans la vitrine de M. Deiss, un spécimen de savon, blanc à la surface, légèrement verdâtre à l’intérieur, réunissant les qualités des savons fabriqués avec la pure huile d’olive extraite dans la grande usine de M. Daninos, près de Pise, où l’on obtient chaque jour de 3 à 5,000 kilogrammes d’huile en traitant de 24 à 36,000 kilogrammes d’olives pressées.